Le Japon en plein printemps salarial
Printemps chaud au Japon. Les salaires augmentent. Enfin! Les employés japonais sont parmi les plus mal payés de l'OCDE. Mais pour combien de temps ? La pénurie de main d'œuvre incite en tout cas les patrons à être généreux.
Coup de chaleur sur les rémunérations en ce printemps 2023 au Japon. Au mois de mars, vers la fin de l’année fiscale de la troisième économie du monde, les grandes entreprises de l’Archipel mènent leurs traditionnelles négociations de printemps, dites “shunto”. Vendredi, la principale centrale syndicale de l’Archipel, Rengo, a annoncé avoir obtenu cette fois une hausse moyenne des rémunérations de 3,8%, soit un chiffre, s’il est confirmé (il sera finalisé en juin) inédit depuis… 1994.
“Nombre de syndicats ont obtenu ce qu’ils exigeaient, voire davantage” s’est félicité Tomoko Yoshino, la médiatique présidente de Rengo. Les conglomérats industriels et les constructeurs automobiles ont généralement accepté sans barguigner les revendications de leurs troupes. “Nous avons investi dans nos hommes”, a expliqué le directeur adjoint d’Hitachi, Kenichi Tanaka, en conférence de presse.
Les “shunto” ont surtout une valeur d’indication, car elles ne concernent que les grandes entreprises, tandis que 80% de l’emploi au Japon est concentré dans les PME (ces dernières doivent mener leurs propres négociations salariales d’ici l’été). Mais elles étaient très attendues pour plusieurs raisons. La première, c’est l’irruption de l’inflation pour des foyers nippons habitués à une extraordinaire stabilité des prix depuis trente ans. Conséquence d’une hausse des coûts partout dans le monde, magnifiée par la faiblesse actuelle du yen, les prix des produits de nécessités importés, au premier rang desquels l’énergie et la nourriture, bondissent depuis un an.
Une pénurie de main d'oeuvre générale
2023 sera l’année de la flambée des prix de l’électricité : sept des dix opérateurs du pays ont demandé au gouvernement des hausses de tarifs de 30 à 40%, alors que les factures sont déjà très douloureuses. “Nous prédisons que l’inflation restera à 3% jusqu’à l’été”, écrit Ryutaro Kono, l’économiste de BNP Paribas, dans une note. D’autre part, le pays fait face à une pénurie de main-d’œuvre généra[...]
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