Japon et natalité: le déclin démographique plutôt que l'immigration?

AFP - Kazuhiro NOGI

Le Japon accueille de plus en plus de travailleurs étrangers. Mais derrière cette apparente conversion à l'immigration de masse, la précarisation du statut des travailleurs longue durée et les conditions drastiques requises pour l'obtention d'un visa de résident permanent ne sont pas de nature à contrebalancer le vieillissement et le rétrécissement de la population japonaise.

39 millions de Japonais en moins en 46 ans. C’est la prévision de l’IPSSR, l’institut démographique nippon, parue mercredi. Selon lui, le nombre de Japonais passera de 126 millions aujourd’hui à 87 millions en 2070. 39% d’entre eux auront plus de 65 ans. Le plancher des 100 millions d’habitants sera crevé en 2056, précise l’IPSSR. Une prévision elle-même très optimiste. En 2017, le même institut avait prédit que le seuil de 800.000 naissances par an ne serait pas atteint en 2033. C'est déjà le cas en 2022, onze ans plus tôt.

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Cette prévision n’est que l’énième rapport d’étape du vieillissement et du rétrécissement de la population japonaise, commentée ad nauseam par les démographes de la planète et par ses responsables politiques. Onzième pays par sa population, figurant parmi les cinq premiers marchés mondiaux pour une kyrielle de grandes entreprises, l’Archipel conserve un énorme poids économique. Mais son évolution démographique le condamne à rétrécir. Un constat sempiternel qui a incité le Premier ministre actuel Fumio Kishida à réagir: “le Japon est à la limite de l’incapacité de pouvoir continuer à fonctionner” a-t-il averti, lançant un grand chantier de la natalité qui donnera lieu à un train de mesures dans quelques semaines. C’est peu dire que les premières annoncent suscitent un scepticisme poli: “ce dont parle Fumio Kishida n’a marché nulle part dans le monde”, balaie Stephen Shaw, auteur du documentaire Birthgap. Ce statisticien, effaré par l’effondrement mondial de la natalité, a déménagé à Tokyo pour être aux premières loges du phénomène.

Une conversion à l'immigration de masse… seulement en apparence

Une certaine logique voudrait que le Japon fasse appel à l’immigration pour soutenir sa natalité. Il semble avoir fait un peu ce choix en créant une nouvelle “Agence de l’immigration” en 2019, à l’initiative du Premier ministre de l’époque, Shinzo Abe. Depuis, le ministère de la Justice libéralise progressiv[...]

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