Israël: insurrection démocratique contre Netanyahou

AFP - AHMAD GHARABLI

EDITORIAL - Chaque fin de semaine depuis bientôt trois mois, des dizaines de milliers de manifestants protestent contre un projet de réforme porté par Benjamin Netanyahou et fortement contesté. Conséquence: l'image d'Israël sur la scène internationale s'en trouve affaiblie. Mais pour Netanyahou, tout à la fois complice et otage d’une coalition qui est la plus à droite de l’histoire d’Israël, la priorité est de se maintenir à tout prix au pouvoir.

Chaque fin de semaine depuis bientôt trois mois, les manifestants envahissent par dizaines et dizaines de milliers les rues de Jérusalem, de Tel-Aviv mais aussi des petites villes d’Israël. Par son ampleur – avec certains samedis jusqu’à un demi-million de protestataires -, par sa durée, cette mobilisation de la société civile israélienne est la plus importante de l’histoire politique de l’état hébreu. "Une insurrection démocratique", salue le chercheur David Khalfa, co-directeur de l’Observatoire Afrique du Nord-Moyen-Orient de la Fondation Jean Jaurès. Un israélien sur cinq, selon une étude du Israel Democracy Institute, a participé au moins à l’un de ces cortèges protestant contre le projet de réforme mutilant les pouvoirs de la Cour Suprême porté par Benjamin Netanyahou et son gouvernement de coalition avec l’extrême droite.

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"C’est un coup d’État et il met non seulement en péril l’économie et nos droits civiques, mais il constitue également un danger existentiel pour la sécurité d’Israël", a dénoncé l’ancien chef d’État major de Tsahal et ex-ministre de la Défense, Moshe Yaalon. Le chef de l’État, Isaac Herzog, évoquait lui-même à la télévision "un abîme à nos pieds et un risque de guerre civile". Ce président aux pouvoirs ultra limités est allé jusqu’à proposer un plan alternatif de réforme de la justice, projet aussitôt refusé par Netanyahou.

Cette crise ébranle les fondements même de l’État hébreu. Le projet sioniste tel que conçu par ses pères fondateurs, notamment David Ben Gourion, visait à créer "un Etat juif et démocratique", c’est à dire un Etat qui soit le foyer national juif rêvé en diaspora depuis des siècles et, en même temps, l’Etat de tous ses citoyens. Cet équilibre fragile a tenu depuis 75 ans. Avec la mort clinique du processus de paix fondé sur la coexistence de deux Etats israélien et palestinien, avec la montée en puissance d’un ultra nationalisme juif ident[...]

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