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Indonésie: le Parlement criminalise les relations sexuelles hors mariage

Indonésie: le Parlement criminalise les relations sexuelles hors mariage

Le Parlement indonésien a approuvé ce mardi un texte criminalisant le sexe hors mariage et le concubinage, dénoncé par les défenseurs des droits humains comme un recul des libertés et un glissement vers le fondamentalisme dans le pays à majorité musulmane le plus peuplé du monde.

Cette réforme du code pénal, lequel date de l'époque coloniale néerlandaise, a été adoptée à la majorité des députés. Le texte, qui doit encore être signé par le président, entrera en vigueur dans trois ans. Il rend passible d'un an de prison les relations sexuelles hors mariage, et de six mois de prison la cohabitation des couples non-mariés, selon un exemplaire de la loi.

"Nous avons fait de notre mieux pour tenir compte des questions importantes et des différentes opinions qui ont été débattues", a déclaré devant le Parlement le ministre de la Justice, Yasonna Laoly.

"Cependant, il est temps pour nous de prendre une décision historique sur l'amendement du code pénal, et de laisser derrière nous le code pénal colonial dont nous avons hérité" lors de l'indépendance du pays en 1949, a-t-il ajouté.

Autorisé pour les étrangers visitants Bali

Un porte-parole du comité chargé d'élaborer le projet au ministère de la Justice, Albert Aries, a affirmé que la réforme protégera l'institution du mariage. Il a souligné que les relations sexuelles prémaritales et extramaritales ne pourront être dénoncées que par le conjoint, les parents ou les enfants, ce qui limitera de facto la portée du texte.

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Mais la réforme a été critiquée par les défenseurs des droits humains, qui dénoncent un recul des libertés, et par les milieux d'affaires indonésiens. Ces derniers estiment qu'il nuira au tourisme, bien que les autorités aient insisté sur le fait que les étrangers visitant l'île de Bali ne seront pas affectés.

Lors d'un colloque avant le vote de mardi, l'ambassadeur des Etats-Unis en Indonésie, Sung Yong Kim, s'est déclaré préoccupé par ce qu'il a appelé les "clauses de moralité" du code pénal qui peuvent, selon lui, avoir un impact "négatif" sur les entreprises. Les premières versions du projet de loi prévoyaient de rendre l'homosexualité illégale, mais cette disposition a disparu du texte final.

Pour Andreas Harsono, de l'organisation Human Rights Watch, la prohibition du sexe hors mariage et du concubinage pourrait cependant être utilisée pour "criminaliser" la communauté LGBTQ, dans un pays qui n'autorise pas le mariage entre personnes du même sexe.

Un "recul dans la protection des droits civils"

Selon les groupes de défense des droits humains, les nouveaux amendements soulignent aussi un glissement croissant vers le fondamentalisme, dans un pays longtemps salué pour sa tolérance et qui reconnaît cinq religions officielles aux côtés de l'islam majoritaire.

"L'adoption du projet de loi sur le code pénal constitue clairement un recul dans la protection des droits civils (...) notamment la liberté d'expression et la liberté de la presse", a affirmé Usman Hamid, directeur d'Amnesty International Indonésie.

En 2019, des dizaines de milliers de personnes étaient descendues dans la rue pour protester contre un projet de loi similaire, forçant le gouvernement à faire marche arrière.

La réforme punit en outre de jusqu'à quatre ans de prison la diffusion d'une idéologie "contraire au Pancasila" - l'idéologie officielle indonésienne qui met l'accent sur l'unité et le respect des minorités ethniques et religieuses.

Rassemblements à Jakarta

Autre réforme approuvée mardi: la peine de mort, souvent prononcée en Indonésie pour les crimes liés à la drogue, sera désormais assortie d'une période de probation de dix ans, à l'issue de laquelle elle pourra être commuée en prison à vie si le condamné a fait preuve d'un comportement exemplaire.

Une dizaine de personnes se sont rassemblées mardi dans le centre de Jakarta en brandissant des pancartes contre le nouveau code pénal, l'accusant de "réinstaurer la loi de l'ère coloniale".

Bambang Wuryanto, le chef de la commission parlementaire qui a supervisé les délibérations sur le texte, a reconnu que "c'est un produit humain et qu'il ne sera donc jamais parfait". Mais il a invité les critiques à "déposer un recours judiciaire auprès de la cour constitutionnelle" au lieu de manifester.

Article original publié sur BFMTV.com