Hauts-de-France : la gauche et les macronistes dans le chaudron de l'extrême droite
REPORTAGE - Les députés sortants macronistes et communistes jouent leur survie dans une région heurtée de plein fouet par la pauvreté et la désindustrialisation, et dont Marine Le Pen a fait, depuis des années, son laboratoire politique.
La brume a recouvert le beffroi de Saint-Amand-les-Eaux (Nord) et envahi les allées du marché, plongeant les stands de tee-shirts et de coques de portables colorées dans une douce opacité. Devant l'étal d'une boucherie chevaline, Fabien Roussel savoure sa nouvelle notoriété, au terme d'une campagne présidentielle qui l'a propulsé au rang de figure nationale. Pourtant, sous sa mine réjouie, le secrétaire national du Parti communiste est inquiet. Il sait sa réélection aux législatives gravement menacée. Dans sa circonscription, détenue par le Parti communiste depuis près de soixante ans, Marine Le Pen a obtenu 60% des voix au second tour de la présidentielle. Une avance difficilement rattrapable, même avec l'union de la gauche derrière lui. Le 19 juin prochain, le Parti communiste pourrait disparaître de la carte des Hauts-de-France, balayé par le Rassemblement national. Tout un symbole dans ce bastion ouvrier, historiquement acquis à la gauche, et qui a fait les belles heures de la Place du Colonel-Fabien.
A un mois des élections législatives, le Rassemblement national s'apprête à récolter les fruits de son enracinement local dans une région qu'il a très tôt ciblée et dont il a fait son laboratoire politique. De la ville d'Hénin-Beaumont, , le parti à la flamme n'a cessé de progresser, de manière concentrique, dans un territoire frappé de plein fouet par la désindustrialisation et la pauvreté. En 2017, cinq ans après une première tentative infructueuse, Marine Le Pen est parvenue à arracher la 3e circonscription du Pas-de-Calais à la gauche, réalisant une percée dans le département, où ses troupes se sont aussi emparées des 10e , 11e et 12e , ainsi que de la 19e circonscription du Nord. Cette fois, le RN peut nourrir de plus grands espoirs encore. L'élection présidentielle n'a fait que conforter son emprise. Marine Le Pen a ici viré en tête du second tour de la présidentielle, avec 52% des suffrages, réunissant plus de voix que dans toute autre région de France métro[...]
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