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Héritage et droits de succession: attention, zone de danger politique!

Les tabous fiscaux (5/11). Lors de sa campagne de réélection en 2022, Emmanuel Macron avait promis d'augmenter le plafond d'exonération des droits de succession, de 100.000 à 150.000 euros. Une mesure reportée à plus tard, mais qui n'aurait rien arrangée au constat actuel: la fiscalité sur les successions est inefficace et inéquitable. Mais les politiques n'osent pas réviser à la hausse cet "impôt sur la mort".

Lutter contre l'inégalité des chances, valoriser le travail, préférer le risque à la rente: l'identité politique d'Emmanuel Macron aurait dû le porter à taxer fort l'héritage. D'autant que l'idée fait consensus parmi les économistes, aussi bien à gauche, chez Thomas Piketty, fustigeant la montée d'inégalités dynastiques bloquant l'ascenseur social, que chez les plus libéraux, préoccupés de voir la naissance prendre le dessus sur le mérite. Et ceux qui ont œuvré pour la campagne du candidat Macron en 2017 en sont les premiers partisans, tels Jean Pisani-Ferry, Philippe Aghion ou Philippe Martin.

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Un impôt impopulaire

Fin 2021, le Conseil d'analyse économique (CAE), rattaché à Matignon, a d'ailleurs publié une étude édifiante, pointant que 60% de la fortune des Français est aujourd'hui héritée, contre 34% en 1970. Avec de très fortes inégalités: le tiers des plus modestes n'hérite de rien, alors que les 0,1% les plus fortunés reçoivent près de 13 millions, soit 180 fois l'héritage médian, "un écart bien plus spectaculaire que celui des revenus du travail, où les 0,1% les mieux rémunérés touchent 10 fois le salaire médian", relève un des auteurs, Camille Landais.

Impôts payés sur l\'héritage perçu tout au long de la vie (successions et donations, en euros)
Impôts payés sur l\'héritage perçu tout au long de la vie (successions et donations, en euros)

Impôts payés sur l'héritage perçu tout au long de la vie (successions et donations, en euros).

Pourtant, le président Macron n'a pas dit mot sur les droits de succession dans son programme de 2017, et a refusé le débat que voulaient ouvrir les chefs de son parti Christophe Castaner puis Stanislas Guerini. En 2022, au contraire, il a même promis pour son second mandat de monter le plafond d'exonération des droits de succession de 100.000 à 150.000 euros par enfant… alors que le patrimoine médian est de 70.000 euros. Pourquoi une telle dissonance? Parce que cet impôt est très impopulaire. Les trois quarts des Français l'estiment injuste, plus encore dans les classes populaires… qui ne savent pas qu'elles ne l'acquitteront pas puisque quatre successions su[...]

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