Guerre en Ukraine: Yves Rocher prolonge une saga chaotique en Russie
Un an d'offensive russe en Ukraine. Le groupe de cosmétiques français Yves Rocher, présent depuis trente ans en Russie, fait le pari de rester. Malgré la guerre en Ukraine. Malgré une activité en baisse. Et malgré une affaire politico-judiciaire très embarrassante, qui concerne l'opposant russe emprisonné Alexeï Navalny.
"Nous ne sommes pas en guerre contre la Russie." C'est en rappelant les propos d'Emmanuel Macron que le groupe Yves Rocher officialise, le 4 mars 2022, qu'il reste en Russie. A rebours de ses concurrents L'Oréal et Sephora qui ferment leurs magasins, il gèle ses investissements mais maintient ouvertes ses 450 boutiques, avec ses 630 salariés et 2.500 collaborateurs des enseignes franchisées. "En tant qu'entreprise à mission, nous devons être présents pour nos employés et nos clients", assure-t-il.
Un temps deuxième marché après la France
Si la société est restée, c'est que la Russie, où elle est implantée depuis 1991, représente un pan de son activité et de son histoire. "Après l'effondrement de l'URSS, Yves Rocher [le fondateur, décédé en 2009] a senti qu'il y avait un énorme potentiel, indique un connaisseur de l'entreprise. Il a foncé et a vite connu le succès." En quelques années, le pays représente 15% du chiffre d'affaires du groupe et devient le deuxième marché après la France, et l'une des sociétés tricolores les mieux implantées dans l'ex-URSS.
Néanmoins, la décennie 2010 va refermer cet âge d'or. Bris Rocher, petit-fils d'Yves, formé aux Etats-Unis, prend les commandes d'un groupe de 15.000 salariés et accélère le développement outre-Atlantique, au Mexique et en Turquie. A l'inverse, la Russie rétrograde à la cinquième place, victime, en 2014, d'une crise financière. En 2017, le pays ne représente plus que 5,7% de l'activité, un chiffre tombé à 4% cinq ans plus tard.
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L'affaire judiciaire qui embarrasse le groupe français
La saga russe d'Yves Rocher est aussi marquée par une retentissante affaire politico-judiciaire. Le groupe tricolore est en effet lié aux mésaventures de l'opposant russe Alexeï Navalny, bête noire du Kremlin, toujours en prison. En 2012, le directeur de la filiale russe d'Yves Rocher, Bruno Leproux, adresse une lettre de dénonciation au Comité d'en[...]
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