Guerre en Ukraine : Quand Poutine réveille notre occident "décadent"
Contrairement à la passivité des Etats européens lors de l’annexion de la Crimée, on a assisté à un élan de solidarité unanime de la part des membres de l’UE aussi bien que du Royaume-Uni et des Etats-Unis, relève notre éditorialiste et historien Michel Winock. Loin de la déchéance de l'Occident prônée par Poutine.
Il y a un an, jour pour jour, la Russie agressait l’Ukraine, qui aujourd’hui tient toujours tête à l’envahisseur. La brutalité de l’événement nous a surpris, même si la conquête de la Crimée en 2014 aurait dû nous préparer à cette nouvelle entreprise de guerre. De cet événement, dont on ne connaît pas la fin, on peut déjà retenir trois dimensions majeures.
D’abord, son anachronisme. On jugeait en général que le cycle des guerres d’annexion s’était achevé en Europe avec Hitler et Staline, quand le dictateur communiste avait attaqué la Finlande en novembre 1939. Pendant des siècles, des Etats se sont fait la guerre pour un morceau de territoire, une ville, un accès à la mer, et la carte politique de l’Europe se modifiait au gré des campagnes gagnées par les uns, perdues par les autres.
Les fléaux de l’esprit de conquête, croyait-on, appartenaient à un autre temps : la diplomatie, les traités de paix, les règlements pacifiques devaient se substituer à la loi du plus fort. La Charte des Nations Unies le proclamait. La paix était devenue une valeur sacrée. Aussi quelle régression que cette décision du Kremlin de faire pénétrer ses armées dans un pays indépendant, membre de l’ONU, dans l’intention d’en saisir une partie ou, mieux encore, de le rayer de la carte par absorption. Au lieu de s’atteler au développement économique, social et humain de son pays, qui est le propre des Etats modernes, Poutine s’est habillé en nouveau tsar conquérant. La guerre est de retour.
Naissance de la nation ukrainienne
La deuxième observation est venue, parallèlement, de la formidable résistance des Ukrainiens, animée de manière imprévue et admirable par son président Zélensky. Là où les Russes pensaient être accueillis en libérateurs, ils se sont heurtés à une défense inflexible. Poutine et les siens jugeaient que la population était sous le joug d’un pouvoir illégitime qualifié de "nazi", interprétant la révolution de 2014 — la révolution de Maidan, nom de la grande place de Kiev — qui [...]
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