Guerre en Ukraine: le constructeur Renault paye son retrait de Russie au prix fort
Un an d'offensive russe en Ukraine. En quittant la Russie, le constructeur automobile Renault a abandonné les usines modernisées de sa filiale Avtovaz. Une opération qui lui coûte 2,2 milliards d'euros.
"Moskvitch revient." C'est sous cette banderole à la gloire de l'ancienne marque soviétique que défilent dans l'usine moscovite les SUV du chinois JAC, assemblés sur place avec des composants qui viennent tous de Chine. Ce site de la capitale russe a été créé au début des années 1930 pour produire des camions Ford, puis les Opel Kadett allemandes, sous le nom de Moskvitch 400. Aujourd'hui l'usine doit tout à Renault. Le constructeur français l'a reprise en 2005 afin d'y fabriquer des Dacia Logan, puis des SUV Duster.
JAC JS4. Ce SUV assemblé à Moskvitch est entièrement fabriqué avec des composants venant de Chine. (SP)Dix-sept ans plus tard, contraint et forcé, il s'est, comme tous ses concurrents occidentaux, retiré de Russie au printemps dernier. Le hic, c'est que le groupe français était bien plus impliqué qu'eux dans le pays: il y produisait plus d'un demi-million de véhicules avant l'invasion de l'Ukraine, occupant 40.000 personnes et s'octroyant près d'un tiers du marché russe.
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Qualité et compétitivité estampillées Renault
Renault a, du coup, passé une provision de 2,2 milliards d'euros dans ses comptes. Car, outre son usine d'assemblage moscovite, le groupe avait pris une participation de 68% dans le premier constructeur automobile russe Avtovaz, créé par le pouvoir soviétique dans les années 1960 et qui produisait, à lui seul, 350.000 véhicules par an en 2021. Privé du soutien et des pièces de Renault, Avtovaz a fortement décliné, ses ventes ayant été divisées par deux l'année dernière, avec une offre réduite à deux modèles d'entrée de gamme, notamment le 4×4 Niva datant de 1977, livrés aux clients avec des composants manquants.
Renault avait totalement transformé son site de Moscou et ceux d'Avtovaz à Togliatti (1.000 km au sud de Moscou) et Ijevsk (600 km de Togliatti), jadis réputés pour leur désastreuse productivité et la mauvaise fiabilité des voitures. La ligne ins[...]