Guerre d’Ukraine: le moment de vérité pour la dissuasion nucléaire
EDITORIAL. Les Occidentaux restent dubitatifs quant à un emploi par la Russie d’armes nucléaires tactiques sur le champ de bataille. Les avantages sur le terrain seraient très limités, mais les conséquences stratégiques dévastatrices. Être le premier pays qui viole le tabou de l’emploi de l’arme nucléaire ferait de Moscou un paria, estime notre éditorialiste Marc Semo.
L’ombre de "la" bombe pèse depuis le début sur le conflit ukrainien. "Une guerre coloniale sous protection nucléaire", aime à rappeler Thomas Gomart, directeur de l’Ifri (Institut Français des Relations Internationales). Puissance nucléaire, la Russie a envahi un pays, l’Ukraine, qui, en 1994, avait renoncé à ses armes atomiques en échange de garanties sur son intégrité territoriale telles que stipulées dans le mémorandum de Budapest, signé par Washington et Moscou.
L’annonce par Vladimir Poutine, le 25 mars, d’une prochaine installation sur le sol biélorusse, pays limitrophe de la Pologne et de la Lituanie, d’armes atomiques tactiques est venu encore une fois rappeler cette réalité. Les silos destinés à stocker ces armes de courte portée – entre 200 et 300 kilomètres - ne seront prêts qu’à l’été 2023, mais la menace, elle, est déjà là même si elle ne reste pour le moment que verbale.
Pour Kiev, une "prise en otage nucléaire"
Les autorités ukrainiennes dénoncent "une prise en otage nucléaire" de la Biélorussie, cette ex-république soviétique que Moscou vassalise toujours plus. Pourtant, ni l’Otan, ni Washington ni Paris ne dramatisent ces annonces analysées comme des rodomontades en un moment où l’armée russe continue de marquer le pas dans le Donbass.
Pour Poutine, brandir cette arme, c’est d’abord jouer des peurs des opinions occidentales. Reste qu’il est assez rare que le président russe se lance personnellement dans un chantage au nucléaire laissant en général ses sbires promettre les foudres de l’apocalypse atomique à l’Occident décadent.
Premier conflit interétatique conventionnel de haute intensité en Europe depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, la guerre d’Ukraine met à l’épreuve la grammaire de la dissuasion. Cette guerre marque en effet l’entrée dans un nouvel âge du nucléaire et dans "une ère de piraterie stratégique" que pressentait la chercheuse Thérèse Delpech, figure de premier plan de la réflexion française sur les questions stratégiques dan[...]
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