Comment le gouvernement a raboté la retraite minimum à 1.200 euros
En ciblant l'augmentation de la pension minimum de retraite sur les personnes ayant cotisé au moins trente ans, le gouvernement a restreint le nombre de bénéficiaires et le coût de la mesure. Tout en faisant croire à une formule plus généreuse.
La communication politique est un art délicat. Face aux virulentes critiques des oppositions sur le "caractère profondément injuste" de la réforme des retraites, les ministres ont usé et abusé de la carte de la pension minimum rehaussée à 1.200 euros brut (85% du smic). Un chiffre qui pouvait d’emblée paraître suspect dès lors que la retraite moyenne s’élève à 1.509 euros brut.
Sur France Info le 11 janvier, le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a soutenu que "le minimum de pension va être augmenté en moyenne de 100 euros par mois" et que "deux millions de retraités actuels verront leur retraite majorée à 1.200 euros brut par mois". De même, les ministres Franck Riester et Marlène Schiappa ont évoqué "pas moins de 1.200 euros par mois" ou une "retraite plancher". Des formules trompeuses, voire erronées, qui ont permis aux oppositions de dénoncer "un mensonge" du gouvernement.
En réalité, la retraite minimum, qui existe depuis 1983 sous l’appellation de "minimum contributif", est soumise à des conditions et voit son montant varier proportionnellement à la durée de carrière et au niveau de salaires de chaque bénéficiaire. En cela, elle se distingue du minimum vieillesse, qui est un filet de sécurité de 961 euros mensuels pour tous, et est bien une "retraite minimum", calculée en fonction des contributions de chacun. Individualisée, elle peut d’ailleurs être perçue par une personne appartenant à un ménage aisé.
1.200 euros, un plafond plutôt qu'un plancher
Concrètement, la retraite minimum est versée aux personnes pouvant prétendre à une retraite à taux plein, soit parce qu’elles ont validé un nombre de trimestres équivalent à une carrière complète, soit parce qu’elles ont attendu l’âge dit "de fin de décote" (60 % des cas) pour réclamer leur pension: 62 ans pour les inaptes et invalides et 67 ans pour les autres assurés. Depuis 2003, les personnes ayant cotisé au moins trente années, ce qui est plus exigeant que des trimestres uniquement "validés", ont en [...]
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