France, Chine, Taïwan : l'heure de briser la politique de l'autruche

AFP/Archives - TIMOTHY A. CLARY

EDITORIAL - La France, qui se veut une puissance d’initiative dans l’Indopacifique, acte, face à la question taïwanaise, un profil nettement plus bas que les Etats-Unis, mais aussi que bon nombre des partenaires européens. Une erreur selon notre éditorialiste Marc Semo, alors que la pression chinoise sur l'île indépendantiste se fait de plus en plus forte.

Dans la grande base de Kao Chung, au sud de Taïwan, les six frégates type Lafayette sont toujours là, marquées par la modernisation de leur système de défense il y a deux ans. La plupart des soixante Mirage 2000 restent opérationnels même si leurs moteurs, après trente ans, se font désormais bien vieux.

Dans le face-à-face guerrier entre les deux Chine, les armes françaises restent à l’honneur côté taïwanais, seul matériel militaire d’origine européenne - à part deux sous marin danois - noyé dans le made in USA. Elles ont été vendues au début des années 1990 entraînant à l’époque une crise majeure avec Pékin. Les ressortissants français sont en outre les plus nombreux parmi ceux des "27" pays européens à être installés dans l’île. On en parle bien peu.

"Cette invisibilisation de Taïwan en France est en train de changer mais c’est lent", constate Antoine Bondaz, responsable de l’Asie à la Fondation pour la Recherche Stratégique (FRS). La question du détroit de Taïwan avec ses enjeux stratégiques est beaucoup plus évoquée que Taïwan en tant que modèle de démocratie devenue désormais, selon le FMI, la vingt et unième puissance économique mondiale.

Les récentes déclarations d’Emmanuel Macron à propos du duel sino-américain sur le destin de l’île affirmant que l’Europe devrait rester éloignée "des crises qui ne sont pas les siennes" ont eu au moins le mérite de mettre le sujet au cœur du débat. Le ministre de l’Industrie Roland Lescure, prenant la parole devant des centaines de représentants d’entreprises de Taïwan réunis à Paris le 9 avril, a tenu lui aussi à rappeler que la France s’oppose "à toute modification du statu-quo" autour de l’île.

Taïwan, une histoire française

On l’oublie trop souvent, Taïwan fut aussi une histoire française même si, depuis trente ans, Paris a choisi de garder un profil nettement plus bas que les Etats-Unis, mais aussi que bon nombre des partenaires européens. Pourtant la France, qui se veut une puissance d’initiative dans l’Indopacifiqu[...]

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