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Le sauvetage du site Alstom de Belfort, enjeu de 2017

PARIS (Reuters) - François Hollande s'est fixé lundi l'objectif de sauver les activités ferroviaires d'Alstom à Belfort, scellant l'immixtion de ce dossier industriel dans la campagne pour l'élection présidentielle du printemps 2017.

Pour le président, le sauvetage du site historique du groupe désormais détenu à 20% par l'Etat fait écho à l'incapacité de son gouvernement à sauver les hauts-fourneaux sidérurgiques de Florange, devenue pour une partie de la gauche le symbole de l'impuissance du pouvoir socialiste, voire d'une trahison.

"Nous devons nous mobiliser pour qu'il y ait plus de commandes qui soient apportées et pour que cette entreprise-là puisse garder ses sites", a dit le chef de l'Etat lors d'un discours à Saint-Quentin-en-Yvelines.

Fidèle de François Hollande, le ministre de l'Economie, Michel Sapin, avait donné dans la matinée une coloration très politique à cet objectif après une réunion interministérielle sur le sujet à l'Elysée.

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"Nous allons travailler de manière à redonner de l'espoir aux salariés. Mais pas de l'espoir pour de l'espoir, pour la réalité des choses : du travail pour ceux qui aujourd'hui sont inquiets pour leur avenir", a-t-il dit à des journalistes.

Lors de cette réunion, qui s'est tenue en présence également du Premier ministre, Manuel Valls, de Christophe Sirugue (Industrie) et d'Alain Vidalies (Transports), "le président de la République nous a fixé un objectif : celui de faire en sorte qu'à Belfort les activités ferroviaires d'Alstom soient maintenues", a-t-il ajouté.

"C'est à cet objectif-là que nous allons travailler, avec les élus, avec les organisations syndicales, avec la direction d'Alstom et avec l'ensemble de ceux qui, en capacité de passer un certain nombre de commandes en France, peuvent permettre d'assurer le plan de charge qui permettra de sauver les activités ferroviaires d'Alstom à Belfort."

Ces discussions auront lieu cette semaine, a-t-il précisé.

François Hollande a souligné qu'Alstom signait de nombreux contrats à l'occasion de ses déplacements à l'étranger.

"Ce que j'ai fait pour Alstom à l'étranger, Alstom doit aussi le faire pour la France. Mais nous devons apporter des commandes et c'est le rôle de l'ensemble des acteurs publics, régions, entreprises de transports, SNCF, RATP, dans le cadre des accords qui existent et qui doivent être respectés, d'apporter de la commande", a-t-il ajouté.

PAS DE MONTÉE DANS L'ÉTAT DANS LE CAPITAL

Christophe Sirugue a écarté à ce stade une augmentation de la participation de l'Etat.

A l'occasion de la cession en 2014 par Alstom de ses activités dans le secteur de l'énergie à General Electric pour se recentrer sur ses activités ferroviaires, l'Etat est entré à hauteur de 20% dans le capital du groupe grâce à un prêt de titres jusqu'à fin 2017 par Bouygues, actionnaire à hauteur de 28%.

Ce prêt permet à l'Etat d'avoir 20% des droits de vote au conseil d'administration d'Alstom. Il dispose aussi d'options d'achat lui permettant, s'il le souhaite, d'acquérir les titres prêtés par Bouygues.

Alstom a annoncé la semaine dernière le transfert d'ici fin 2018 de la production de trains et du bureau d'études de Belfort vers son site de Reichshoffen (Alsace), en précisant que les 400 salariés concernés, sur les 480 de Belfort, se verraient proposer un reclassement.

Comme le site ArcelorMittal de Florange, le dossier Alstom a provoqué d'importantes tensions au sein du gouvernement lors du rachat de ses activités énergie.

"INADMISSIBLE"

Arnaud Montebourg, alors chargé de l'industrie, avait là encore prôné une solution alternative - pour Florange, il avait bataillé pour une nationalisation à laquelle le Premier ministre de l'époque, Jean-Marc Ayrault, s'était opposé.

Débarqué quelque temps après du gouvernement, il s'est depuis déclaré candidat à l'élection présidentielle de 2017.

Michel Sapin a critiqué lundi la direction d'Alstom, en soulignant qu'il y avait, en plus du problème de fond, des "problèmes de forme : nous avons dit déjà aux responsables de cette entreprise combien la manière de faire était inadmissible".

Manuel Valls s'était dit dimanche convaincu de pouvoir "sauver" Alstom à condition que les dirigeants du groupe "jouent pleinement leur rôle". L'ex-ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, a quant à lui assuré qu'il n'avait jamais été question d'un arrêt de la production à Belfort dans les discussions entre les dirigeants et l'Etat actionnaire.

Une porte-parole d'Alstom n'a fait aucun commentaire sur les déclarations de Michel Sapin.

"Nous avons présenté un projet qui fait suite à un contexte que tout le monde connaissait (absence de charge, perte de commandes, etc.)", a-t-elle dit. "Il s'agit d'un transfert de 400 personnes en France. On se donne deux ans pour étudier chaque cas."

Le Front national a jugé lundi dans un communiqué que "les difficultés d'Alstom tiennent à deux éléments qui s'additionnent : un grand désintérêt de la part de l'Etat et l'interdiction en France du patriotisme économique".

Nicolas Sarkozy, qui se targue d'avoir sauvé Alstom en 2004 lorsqu'il était ministre de l'Economie en faisant accepter par la Commission européenne un plan de sauvetage, estime quant à lui qu'Emmanuel Macron n'a "rien fait" pour l'entreprise.

(Jean-Baptiste Vey, avec Elizabeth Pineau à Saint-Quentin-en-Yvelines et Cyril Altmeyer, édité par Yves Clarisse)