Fortunes: taxer plus les riches, vraiment impossible?

Le patrimoine des grosses fortunes s'est accru pendant la pandémie, partout dans le monde, creusant un peu plus les inégalités. Des économistes et des politiques veulent les faire payer davantage. Mais rien ne bouge.

Un appel mondial. Il y a un an, en sortie de crise du Covid, les voix se multipliaient pour "faire payer les riches". Car si la lutte contre la pandémie a plongé dans le rouge les finances des Etats, elle a aussi enrichi les super-fortunés, notamment dans la tech. De quoi donner des arguments aux économistes en vue, qui prônent de muscler la taxation du capital. Le best-seller mondial Le Capital au XXIe siècle, de Thomas Piketty, a documenté le creusement des inégalités et la spirale de concentration des richesses. Aux Etats-Unis, au Brésil, en Inde, en Europe et même en France: les 500 premières fortunes de Challenges pèsent 1.002 milliards d'euros, soit 44% du PIB. Trois fois plus qu'en 2007 et sept fois plus qu'en 1996 (voir graphique ci-dessus).

Son remède: établir un impôt universel progressif sur le patrimoine comme sur les revenus. Dans son sillage, les Frenchies Gabriel Zucman et Emmanuel Saez, professeurs à Berkeley, ont fait le buzz pendant la campagne présidentielle américaine de 2020, conseillant les ex-candidats démocrates Bernie Sanders et Elizabeth Warren, promoteurs d'un impôt, inédit aux Etats-Unis, de 2% sur les fortunes démarrant à 32 ou 50 millions de dollars jusqu'à 6% au-delà du milliard. "Malgré l'explosion des richesses au sommet, la progressivité de l'impôt a connu une baisse spectaculaire, déplore Gabriel Zucman. On a détaxé les grands gagnants de la mondialisation, les multinationales et leurs actionnaires." Le Nobel américain Paul Krugman est sur la même ligne.

Mobilisation planétaire

Ces experts, marqués à gauche, sont relayés par les grandes institutions économiques libérales, peu suspectes de gauchisme. Dans un rapport d'avril 2021, le Fonds monétaire international a exhorté les gouvernements à taxer les revenus et le patrimoine des plus riches. "S'attaquer aux inégalités exige de repenser la progressivité des politiques fiscales", dit sa directrice générale, Kristalina Georgieva, qui assure qu' "augmenter les taux maximums d'impôt ne [...]

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