Fiscalité: l'impossible débat de la taxation des grandes fortunes françaises
Les tabous fiscaux (4/11). En pleine contestation de la réforme des retraites, les superprofits des grandes entreprises en 2022, le versement des dividendes et la hausse des grandes fortunes font grincer des dents. Emblématique, l'allégement de la taxation du capital est aussi perçu comme un "cadeau" aux plus nantis. Les économistes sont divisés sur l'imposition des hauts patrimoines, ultra-symbolique, mais qui rapporte peu.
Protéger le pouvoir d'achat des Français face à l'inflation, financer la transition énergétique, renflouer le régime des retraites… Chaque fois que le gouvernement doit puiser massivement dans ses caisses ou veut redresser ses comptes, l'antienne revient: il n'y a qu'à faire payer les plus fortunés! La pression est forte sur Emmanuel Macron, étiqueté "président des riches", depuis que, dès 2017, il a allégé la fiscalité du capital, avec l'abrogation de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF), désormais cantonné à la seule fortune immobilière (IFI), et l'instauration d'un prélèvement forfaitaire unique (PFU) à 30% sur les revenus du capital.
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Un symbole de justice sociale
Chaque année, à l'heure des discussions budgétaires, la gauche revient à la charge pour rétablir l'ISF. En 2022, Le Rassemblement national l'a aussi proposé. Et, au sein de la Ma-cronie, le député Modem Jean-Paul Mattei a porté un amendement pour relever à 35% la taxation des "superdividendes", adopté avec le soutien de 19 élus Renaissance… avant d'être bloqué par le gouvernement. Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire est inflexible, considérant l'allègement de la fiscalité du capital comme un marqueur de son active politique pro-business, "qui a fait de la France la destination la plus attractive pour les investisseurs étrangers".
Mais l'ISF est un symbole populaire de justice sociale: plus de sept Français sur dix souhaitent son retour. D'autant que les bénéfices de la réforme, qui visait à "réorienter l'épargne vers les investissements de l'économie réelle et l'emploi" sont peu visibles. Un comité d'évaluation, sous l'égide de l'organisme de réflexion France Stratégie, rattaché à Matignon, a remis trois rapports, en 2019, 2020 et 2021. "La bonne nouvelle, c'est que l'exil fiscal des grandes fortunes a été stoppé", indique Cédric Audenis, son président: en 2020, 380 foyers taxables à l'IFI sont ainsi rentrés en France[...]
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