Dans une file des Restos du Cœur
Il est à peine 8 heures et demie et ils sont déjà une bonne soixantaine à faire le pied de grue. Patiemment. Malgré le vacarme incessant du périphérique qui gronde juste à côté, et malgré le soleil qui promet déjà une journée particulièrement étouffante. Les Restos du Cœur de la rue Julia Bartet, dans le 14ème arrondissement, sont situés à proximité de la porte de Vanves, à deux pas de la maison d’enfance de Coluche à Montrouge.
Au premier abord, pas facile d’identifier cette façade en tôle jaune, si ce n’est par une photo de l’humoriste, aux couleurs passées, et des dizaines de chariots de courses qui attendent leur tour, alignés contre le mur. Faïza*, une franco-tunisienne au sourire communicatif, regrette de n’être pas arrivée plus tôt. « Je ne savais pas qu’il y aurait autant de monde. J’ai discuté avec pas mal d’entre eux, ils pensaient que les Restos ne réouvraient qu’aujourd’hui, ça explique sûrement la foule » La trêve estivale, pour les bénéficiaires des Restos du Cœur, c’est souvent le coup de massue, après une année particulièrement difficile. « Je suis mère de trois enfants et je travaille à mi-temps, explique Faïza. J’arrivais à m’en sortir, il n’y a encore pas si longtemps… mais depuis la hausse des prix, c’est devenu impossible. Je ne peux plus faire manger ma famille correctement. »Comme Faïza, la plupart ici sont des femmes. Beaucoup sont nord-africaines, venues par petits groupes, souvent flanquées de leurs enfants. Les hommes sont plus clairsemés et ass...