Face à la Russie, jusqu'où défendre l'Ukraine
EDITORIAL. Ce sont toujours les plus forts, non toujours les plus justes, qui gagnent, selon notre éditorialiste. Il faudrait donc se donner les moyens de la puissance, aussi bien économique que militaire.
Un an de guerre en Ukraine: un an d'horreurs innombrables, là-bas, pour ceux qui la font ou la subissent. Et un an d'émotion, souvent ambivalente, chez nous, qui nous contentons d'en regarder les images à la télévision, entre effroi et compassion, entre lâche soulagement ("heureusement que ce n'est pas chez nous!") et solidarité ("il faut aider l'Ukraine!"). Il me semble qu'un peu de lassitude s'y ajoute désormais, spécialement en France, du fait des conséquences de ce conflit sur nos économies. Cela peut se comprendre.
Plus la vie se fait dure, plus le cœur se resserre, légitimement, sur soi et ses proches. Le coût de la vie, surtout pour les plus fragiles, est une préoccupation plus pressante que le droit international. Méfions-nous des belles âmes trop bien nourries, qui s'exaltent dans leurs salons. Mais peut-on pour autant ne rien faire?
Choisir son camp
Choisir son camp? Cela fut rarement aussi facile. Personne, dans notre pays, ne donne raison à Poutine, si évidemment inquiétant, effrayant, criminel. Tous admirent et plaignent les Ukrainiens, malheureuses victimes d'une agression étrangère, mourant par dizaines de milliers au combat ou sous les bombes, tremblant de froid ou de peur, résistant héroïquement ou stoïquement, selon les cas, à l'une des armées les plus puissantes et les plus barbares du monde. Quelle leçon ils nous donnent, par leur courage, leur détermination, leur unité. Cela relativise nos petites ou grandes querelles, au Parlement (quelle honte pourtant, ces dernières semaines) ou dans la rue, sur les retraites ou le pouvoir d'achat.
Quelle chance nous avons de vivre en paix et en démocratie, dans un pays indépendant, dans une Europe libre et libérale. Quelle chance, même, d'avoir tous ces problèmes à résoudre, à surmonter, sans que personne ne vienne, par la guerre, nous en créer d'autres, encore plus urgents et plus graves, ni nous empêcher de chercher, à la fois ensemble et les uns contre les autres, la moins mauvaise des solutions. Même la[...]
Lire la suite sur challenges.fr