Entreprises en difficulté: l’explosive affaire AGS qui se retourne contre le patronat
Facturations extravagantes, concussions, défaut de contrôle… L’association patronale garantissant les salaires dans les entreprises en difficulté est au coeur d'une enquête à multiples rebondissements. Anticor soupçonne un possible détournement de plus de 15 milliards d'euros.
Une grenade à fragmentation. Voici maintenant que l’association de lutte contre la corruption Anticor fait son entrée dans le dossier de l’AGS, cette structure patronale dont la mission est de garantir les salaires dans les entreprises en difficulté. Son avocat Jérôme Karsenti a constitué, le 2 mai, une "demande d’intervention volontaire" auprès du juge d’instruction chargé de l’affaire, car, selon Anticor, le dossier relève de détournements de fonds publics.
Un tracas de plus pour le patronat. Car au moment où le Medef s’apprête à changer de président, l’affaire gigogne autour de l’Association pour la garantie des créances des salariés (AGS) embarrasse Geoffroy Roux de Bézieux, place en porte à faux son successeur potentiel, Patrick Martin, jette une lumière crue sur les tensions entre le Medef et la CPME et électrise les administrateurs et mandataires judiciaires.
Chasser les brebis galeuses
Pourtant, au départ, le patronat devait sortir renforcé d’une opération "mains propres" lancée, en 2018, à l’encontre des brebis galeuses parmi ces professionnels. "Quand vous avez une boîte en redressement judiciaire, il y a tout de suite des avocats spécialisés qui se greffent, des boîtes de conseil qui vont faire un business plan pour le tribunal, et tous ces gens-là se servent massivement sur la bête, cinglait encore dans les colonnes du Monde le président du Medef, le 20 février. Les mandataires judiciaires, si j’étais journaliste, je m’y intéresserais, ça c’est sûr! Est-ce que c’est un système sain? Non, c’est certain. Quelle est la part de ceux qui exagèrent leurs facturations ou qui ne rendent pas l’argent à l’AGS? Je n’en sais fichtre rien…"
Derrière cette mise en cause, l’objectif consiste en effet à préserver l’instrument essentiel de paix sociale que constitue l’AGS, qui, dans les entreprises défaillantes, se substitue aux employeurs pour payer les salariés. Au cours des dix dernières années, l’association aux mains du Medef, mais qui évolue sous le regard de l’Un[...]
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