Emmanuel Macron: "Réindustrialiser la France, c’est la mère des batailles"

Ed Alcock /Myop

ENTRETIEN EXCLUSIF - Progrès social, transition écologique, souveraineté nationale, unité territoriale... Pour le chef de l’Etat, la réindustrialisation répond aux défis de la France d’aujourd’hui, avec déjà des résultats tangibles. Il explique sa feuille de route d’ici à 2027. Avec une obsession: "réformer plus vite, plus fort".

"Réindustrialiser, c’est créer du pouvoir d’achat, financer notre modèle social, construire un avenir pour nos enfants."

Challenges. On a l’impression que vous faites de la reconquête industrielle la mère des batailles. Mais n’est-il pas trop tard ?

Emmanuel Macron. Le rapport à l’industrie est une bonne partie de l’explication du mal français. Tous les pays européens ont été frappés par une forme de désindustrialisation à partir de la fin des années 1980 jusque dans les années 2000. Nous l’avons été beaucoup plus que les autres. Il y a même eu à un moment la théorisation du choix d’un modèle moins industriel afin de devenir une grande nation de services. Mais, quand l’industrie part, ce sont des territoires qui décrochent. Quand l’industrie décroît, c’est une capacité à tirer les bons emplois vers le haut qui s’érode. Quand l’industrie diminue, le pays devient incapable de produire sa propre richesse, et de préserver son indépendance. Il ne sait plus financer dans la durée son modèle social.

Pendant trente ans, nous avons été le seul pays d’Europe à ne pas savoir gagner la bataille contre le chômage de masse, à avoir de telles difficultés avec les déficits publics et avec notre commerce extérieur. Tout cela est notamment lié à notre désindustrialisation. Le décrochage de tant de villes moyennes, ce sentiment d’abandon, de paupérisation, de déclassement dans la France des sous-préfectures, ces phénomènes sont intimement liés à cette désindustrialisation qui s’est faite durant les décennies passées.

Les Français ne réclament pas tant des usines que de pouvoir "boucler" leurs fins de mois…

Quand on essaie de qualifier les difficultés du pouvoir d’achat, ce n’est pas un problème lié aux politiques publiques : on n’a jamais autant aidé les petits salaires que depuis 2017. Le gain de pouvoir d’achat a été massif (prime d’activité, suppression de la taxe d’habitation, de la redevance télé et de l’impôt sur le revenu sur ces tranches "petits salaires").

Le véritable probl[...]

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