Publicité
La bourse ferme dans 2 h 47 min
  • CAC 40

    8 142,12
    +36,34 (+0,45 %)
     
  • Euro Stoxx 50

    5 026,10
    +17,93 (+0,36 %)
     
  • Dow Jones

    38 503,69
    +263,71 (+0,69 %)
     
  • EUR/USD

    1,0689
    -0,0015 (-0,14 %)
     
  • Gold future

    2 328,90
    -13,20 (-0,56 %)
     
  • Bitcoin EUR

    62 294,18
    +529,45 (+0,86 %)
     
  • CMC Crypto 200

    1 438,90
    +14,80 (+1,04 %)
     
  • Pétrole WTI

    82,91
    -0,45 (-0,54 %)
     
  • DAX

    18 175,66
    +38,01 (+0,21 %)
     
  • FTSE 100

    8 088,84
    +44,03 (+0,55 %)
     
  • Nasdaq

    15 696,64
    +245,33 (+1,59 %)
     
  • S&P 500

    5 070,55
    +59,95 (+1,20 %)
     
  • Nikkei 225

    38 460,08
    +907,92 (+2,42 %)
     
  • HANG SENG

    17 201,27
    +372,34 (+2,21 %)
     
  • GBP/USD

    1,2440
    -0,0013 (-0,10 %)
     

Emmanuel Macron défend les droits de vote doubles chez Renault

Le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron (au centre) à côté de François Hollande), a écrit au PDG de Renault, Carlos Ghosn (à droite), pour défendre la décision de l'Etat sur les droits de vote doubles et assurer qu'elle ne met pas en danger l'alliance entre Renault et Nissan. /Photo pris ele 3 octobre 2014/REUTERS/Ian Langsdon/Pool

par Gilles Guillaume et Laurence Frost

PARIS (Reuters) - Le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, a écrit au PDG de Renault, Carlos Ghosn, pour défendre la décision de l'Etat sur les droits de vote doubles et assurer qu'elle ne met pas en danger l'alliance entre Renault et Nissan, a-t-on appris de trois sources proches du dossier.

Dans ce courrier daté du 21 avril, le ministre explique à nouveau que l'obtention par l'Etat, principal actionnaire de Renault, de droits de vote doubles ne modifie pas à ses yeux l'équilibre avec l'autre grand actionnaire du constructeur français, Nissan.

"Il réaffirme complètement sa position, réitère sa confiance au président et répète qu'il est très attaché aux réussites de l'alliance entre Renault et Nissan", dit une des sources qui a eu connaissance de la lettre.

PUBLICITÉ

Selon elle, Emmanuel Macron laisse également entendre que l'Etat a déjà évoqué le sujet avec Carlos Ghosn dès le 11 mars, "mais qu'il est intervenu ainsi parce qu'il n'y avait peut-être pas d'autre solution"."

L'Etat français a porté cette semaine sa participation au capital de Renault à 19,74%, comme prévu dans sa déclaration du 8 avril, afin de garantir le rejet d'une résolution s'opposant à l'attribution de droits de vote doubles lors de l'assemblée générale de Renault, le 30 avril. Il compte ensuite revenir aux 15% du capital qu'il détenait auparavant, une fois les droits de vote doubles assurés.

L'ÉQUILIBRE DE L'ALLIANCE

Cette opération a été critiquée jeudi 16 avril par le conseil d'administration de Renault car elle rompt à ses yeux l'équilibre entre Renault et Nissan. Bien qu'il soit le deuxième actionnaire de Renault et que ses ventes mondiales représentent près du double de celles de son partenaire français, le groupe japonais ne détient aucun droit de vote car il est contrôlé par Renault.

"Emmanuel Macron dit aussi que l'Etat ne bouscule pas l'équilibre de l'alliance puisqu'il respecte l'accord de 2002", poursuit la source.

Six ans après la privatisation de 1996, l'Etat est descendu à 25,9% du capital de l'ex-régie. Au même moment, Nissan a fait son entrée au capital à hauteur de 15%.

Selon cette source, ce rappel à l'accord de 2002 est aussi une mise en garde feutrée contre toute volonté de renforcer le pouvoir de Nissan via l'introduction de droits de vote. Elle souligne toutefois qu'il est peu probable qu'à l'époque, le cas de figure posé par la loi Florange ait été envisagé, et que le distinguo entre pourcentage de capital et de droits de vote ait été précisé.

D'après elle, Emmanuel Macron a demandé à Carlos Ghosn de transmettre sa lettre à l'ensemble des administrateurs.

Jeudi, Nissan a tenu à son tour au Japon un conseil d'administration au cours duquel a été "revu en détail les événements de ces dernières semaines".

"(Le conseil de Nissan) a unanimement décidé de soutenir les décisions prises par le conseil d'administration de Renault qui s'est tenu le 16 avril 2015", a déclaré le groupe japonais dans un communiqué.

Dans l'entourage d'Emmanuel Macron, on confirme que le ministre a écrit à Carlos Ghosn, mais sans préciser le contenu de la lettre. Renault a refusé de faire un commentaire.

CRAINTES DANS L'INGÉNIERIE DE RENAULT

La volonté de renforcement de l'Etat français intervient sur fond d'inquiétudes au sein de l'ingénierie de Renault, où de nombreuses voix craignent que l'accélération actuelle de l'intégration entre les deux groupes ne fasse pencher la balance en faveur de la partie japonaise.

"Les ingénieurs de Renault ont l'impression qu'ils sont 'nissanisés', que Nissan prend tout, et qu'il ne leur reste rien. Vrai ou faux, c'est en tout cas l'état d'esprit dans lequel ils se trouvent déjà", indique une source de Renault.

Cette préoccupation est actuellement plus grande dans l'ingénierie que dans les usines du groupe, où le renforcement de l'alliance avec Nissan s'est au contraire accompagné de l'accueil en France de productions supplémentaires, comme la future Nissan Micra à Flins (Yvelines).

Grâce à la mise en commun d'un nombre croissant de tâches, Renault et Nissan comptent maintenant atteindre un montant annuel de synergies de cinq milliards d'euros en 2016, une très forte accélération par rapport aux 2,87 milliards de 2013 ou au 1,5 milliard de 2009.

Ce rapprochement s'est également incarné en avril 2014 dans la nomination d'un nouveau comité de direction avec quatre grandes fonctions fusionnées : ingénierie-R&D, fabrication-logistique, achats et ressources humaines.

Dans la première version de l'organigramme, les deux premiers postes avaient été attribués à des cadres japonais de Nissan, les deux autres à des cadres de Renault. Mais en décembre, les achats ont été confiés à un autre cadre ayant fait l'essentiel de sa carrière au sein du constructeur japonais.

Cette modification de la parité en faveur de Nissan a été citée plusieurs fois par des sources gouvernementales parmi les arguments expliquant que l'Etat souhaite continuer à peser sur les destinées du groupe.

(Avec Jean-Baptiste Vey, édité par Dominique Rodriguez)