Elisabeth Borne, le joker d'Emmanuel Macron après la crise des retraites

POOL/AFP/Archives - STEPHANIE LECOCQ

EDITORIAL - Emmanuel Macron ne cédera rien sur la réforme des retraites, surtout maintenant qu'il a promulgué la loi. Mais pour sortir de cette séquence, il laisse Elisabeth Borne imposer ces "cents jours" pour réformer sur le travail, le numérique ou encore l'immigration et reprendre le dialogue avec les syndicats.

Des centaines de milliers de manifestants pour célébrer le 1er-Mai et protester contre la réforme des retraites, des black blocs d'une rare violence, 400 policiers blessés, 540 interpellations… On était loin du retour au calme auquel appelait le chef de l'Etat. Et dans cet affrontement qui dure depuis quatre mois, personne ne veut céder un pouce.

Emmanuel Macron affiche un large sourire, fait mine d'aller au contact comme si de rien n'était, parle des futurs chantiers, se moque de ceux qui protestent et clame: "Chez moi, les casseroles, c'est pour faire la cuisine."

Mais le président ne peut aller remettre la Coupe de France de football sur la pelouse… Partout où il se déplace, un mur de CRS le protège. De son côté, l'intersyndicale maintient la pression.

La note de la France dégradée

Manifestations après manifestations, la mobilisation est toujours là. Sur le terrain, les opposants traquent les ministres, les obligeant à jouer à cache-cache pour éviter les "casserolades". Chaque camp accuse l'autre de bafouer la démocratie. On dirait une cour de récré: "C'est celui qui dit qui l'est."

La situation est absurde, révoltante, intenable. Les forces de l'ordre sont exténuées. Les citoyens ordinaires sont las. Les images de rues envahies par les poubelles en feu, d'affrontements entre forces de l'ordre et manifestants, d'effigies du chef de l'Etat brûlées sur la place publique ont fait le tour du monde. Ce climat de chaos et de blocage a même poussé l'agence Fitch à dégrader la note de la France.

Face à la nécessité de régler ce conflit mortifère, se dessine peu à peu une sortie de crise, peu glorieuse et bien fragile. Grâce à une stratégie de défausse. Emmanuel Macron ne va pas retirer sa loi, mais il laisse Elisabeth Borne, issue de la gauche, imposer son tempo, beaucoup moins guerrier.

Le 1er mai, elle s'est fait remarquer par un tweet digne de l'ex-leader de Lutte ouvrière Arlette Laguiller: "Bonne fête à tous les travailleurs et à toutes les travailleuses…" Elle a r[...]

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