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Les drag queens ne débarquent pas seulement à la télé française

"Drag Race France" démarre, ce samedi 25 juin, à la télé avec Paloma. (Photo: Capture d'écran France.tv Slash)

MÉDIAS - En plein concert de la Fête de la musique sur France 2, dans le dernier numéro d’On est en direct, sur le plateau de Quotidien et de C à vous... Il aura fallu du temps, mais voilà: les drag queens sont (enfin) présentes à la télévision française. Et ça ne va faire qu’aller de l’avant.

Ce samedi 25 juin, date symbolique de la marche des fiertés à Paris, démarre Drag Race France, la très attendue adaptation hexagonale de la compétition américaine RuPaul’s Drag Race, déjà quatorze saisons au compteur. Le but, ici, est le même: les concurrentes devront s’affronter autour d’épreuves mêlant chant, comédie, danse et mannequinat afin qu’il n’en reste plus qu’une.

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Parallèlement à sa retransmission sur France 2 en deuxième partie de soirée, le premier épisode sera diffusé sur France.tv Slash dès 20 heures, puis ce sera tous les jeudis à cet horaire sur la plateforme numérique du service public.

Ce samedi, elles sont dix à se lancer dans l’aventure. Parmi elles, six ont déjà un point commun. La Big Bertha, Kahena, Lolita Banana, Paloma, La Grande Dame et Kam Hugh ont le même agent. C’est l’agence Pop Models. “C’est un beau score”, nous disent ses responsables, Max Bregerie et Mathieu Quadri, qui comptent neuf drag queens dans leur écurie.

Découvrez ci-dessous la bande-annonce de Drag Race France:

Dans le milieu du cinéma, de la musique, du mannequinat, mais aussi du théâtre ou des livres, il est fréquent d’avoir un agent. En France, dans le secteur du drag, ça l’est moins. “On s’est rendu compte que les drag queens n’étaient pas du tout entourées, qu’elles étaient très seules”, nous souffle l’un des patrons de Pop Models. Les deux hommes ont lancé leur agence au mois de janvier dernier. “On s’est rendu compte que le drag touchait un public de plus en plus large, expliquent-ils. On a senti un truc bouillonner.”

Une demande croissante

Depuis plusieurs années, et notamment avec l’arrivée de RuPaul’s Drag Race sur Netflix, les drag queens ne se cantonnent plus aux bars ou soirées gay. Miss Fame et Violet Chachki sont au premier rang de tous les défilés. Conchita Wurst, sur le podium de Jean-Paul Gaultier. Cookie Cunty, elle, est l’héroïne d’un film dont la sortie est prévue au mois de novembre prochain au cinéma. Côté petit écran, Leona Winter a participé aux Anges de la télé-réalité, en 2020. Et en 2019, Plus belle la vie a même intégré une drag queen dans sa galerie de personnages.

Ça ne fait que quelques mois que Pop Models existe et pourtant “il n’y a vraiment pas eu de moment de faiblesse, nous renseignent ses fondateurs. On est sur une pente ascendante.” La diffusion de Drag Race France peut-elle accroître davantage l’activité? “On l’espère”, soutiennent-ils. Aujourd’hui, leur carnet de clients compte principalement des entreprises. Ce qu’elles veulent, c’est booker des drag queens pour animer des événements publics, mais aussi en interne.

Ça inclut des lancements de marque ou de produit et des partenariats avec les enseignes. Kam Hugh a collaboré avec Sephora et Nyx Cosmetics. La Grande Dame a récemment posé et défilé pour Jean Paul Gaultier. Quant à Lolita Banana, elle est sur un vélo Lime dans une publicité pour les deux-roues d’Uber. Minima Gesté et Alice Psycho, elles, ont animé un bingo drag chez Google, en compagnie de Mademoiselle Kiss.

Faire du drag un métier

La demande côté clients est croissante. Elle l’est également du côté de celles qui veulent rejoindre l’agence. “Ce sont des artistes qui ont construit tout toutes seules et qui veulent désormais évoluer dans de plus grandes structures, concède Max Bregerie. Ce qu’on veut, c’est qu’elles puissent se consacrer à la partie artistique et se décharger de la relation avec les clients, comme les négociations contractuelles dont on s’occupe, nous.”

Mathieu Quadri ajoute: “Avec l’ampleur que prend le phénomène, c’est difficile d’affronter tout ça en solo. Nous, notre travail, c’est en quelque sorte d’assurer la transition pour celles qui veulent faire du drag leur métier, plus seulement le soir et les week-ends.”

Pour la drag queen parisienne Sciatique, cette professionnalisation est une bonne chose. Ça permet “d’habituer les organisateurs d’événements à payer les gens et ce, via des structures légales, nous assure-t-elle. L’étape d’après, ce sera le jour où des drags pourront être intermittentes du spectacle. C’est encore très rare aujourd’hui. Moi, typiquement je suis payée en facture.”

Bosser “avec les règles de 2022”

Le drag, ce n’est pas que des blagues, du lip sync ou des belles robes. C’est un art engagé et politique, soucieux de déconstruire les problématiques de genre. Son incursion dans les sphères grand public, comme à la télévision ou dans la publicité, pose des questions en matière de standardisation. Cela peut-il dénaturer le propos?

D’après Catherine Pine O’Noir, drag queen très en vogue de la capitale, c’est non. “Tu peux faire une pub pour une grande marque un jour et le lendemain te rendre à un show dans un petit bar qui ne brasse pas énormément d’argent au fin fond de Paris. Les deux sont cumulables et doivent s’équilibrer dans ta carrière, estime-t-elle. De plus, faire du drag, ça coûte de l’argent [en termes de cosmétiques, de costumes ou de transports, ndlr]. T’as beau être anticapitaliste, tu dois bosser avec les règles du monde de 2022, un monde dans lequel on a toutes envie de gagner des sous. Après, à toi de voir ce que tu fais de tes sous.”

Sciatique, à gauche, et Catherine Pine O'Noir, à droite. (Photo: Montage Le HuffPost avec Sciatique et Catherine Pine O'Noir)
Sciatique, à gauche, et Catherine Pine O'Noir, à droite. (Photo: Montage Le HuffPost avec Sciatique et Catherine Pine O'Noir)

Sciatique, à gauche, et Catherine Pine O'Noir, à droite. (Photo: Montage Le HuffPost avec Sciatique et Catherine Pine O'Noir)

La “mainstreamisation” du drag a du bon. “Aller à la rencontre d’un public hétéro ou de non initiés, c’est éduquer d’autres personnes en dehors de la sphère LGBT+ sur nos problématiques, en matière de sexisme, d’homophobie, de transphobie... Si demain, un mec à la machine à café reprend un de ses collègues sur une ‘blague’ raciste parce qu’il a compris ça au cours d’une de mes performances, j’estime que j’ai réussi quelque chose à ma petite échelle”, continue-t-elle.

“Il n’y a pas de mauvaise publicité”

Un point de vue partagé par Sciatique, selon qui “l’art du drag c’est de performer le genre. Donc même dans l’art de performer, il y a une déconstruction sociale. Il n’y a pas de mauvaise publicité.” Elle n’accepte, cependant, pas toutes les propositions, notamment quand on veut la booker pour des événements privés toute seule. “Une drag queen, ça détonne. Si demain, je vais dans une soirée où personne ne m’attend, on va se demander pourquoi je suis là”, confie-t-elle. Ça n’a alors rien d’amusant et la non réponse des invités peut être très mal vécue.

Les demandes sont parfois en inadéquation. “De la même manière, poursuit-elle, j’ai refusé de faire la première partie d’un concert dans une grande salle de musique parisienne. L’artiste ne me connaissait pas. Les organisateurs, eux, m’avaient demandé de faire un lip sync sur une chanson de leur souhait. Tu ne peux pas tout faire en lip sync. Il y a des ressorts.”

Chez Pop Models, on est preneur de toutes les opportunités, nous dit-on, mais pas question d’imposer quoi que ce soit aux talents. “On respecte à 100% ce qu’elles veulent faire et ce qu’elles nous proposent en fonction de l’image qu’elles veulent développer”, nous assurent ses responsables.

Pour l’heure, ils ne tirent aucun bénéfice de leur business. “C’est un investissement en termes d’argent et de temps, précisent-ils. On n’est pas du tout sur une dynamique financière. On est sur de l’accompagnement pour qu’elles explosent.” Les voyants sont au vert. La course a commencé.

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Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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