Derrière le "Visa Schengen" voulu par les pays du Golfe, l'ombre tenace de Riyad
Avec le projet d'un visa unique calqué sur celui de l'espace Schengen, Mohammed ben Salmane concrétise un peu plus son ambition de faire de son pays une destination touristique de rêve. Mais le pari n'est pas encore gagné.
"Je crois que le Moyen-Orient est la nouvelle Europe". En 2018, déjà, devant le Forum international sur l’investissement (FII) réuni à Riyad, le prince hériter d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, n’avait pas caché son ambition de donner un coup de neuf au Vieux Continent. Cinq ans et quelques milliards d’investissements plus tard, les pays du Golfe fourbissent toujours leurs armes et veulent à présent instaurer un visa unique, calqué sur le modèle de l’espace Schengen, qui permettrait aux touristes de sillonner la région sans restriction.
Le projet évoqué lors de l’Arabian Travel Market 2023 - une prestigieuse foire internationale du tourisme qui se tient chaque année à Dubaï – pourrait se concrétiser "très prochainement", a annoncé la ministre bahreïnie du Tourisme Fatima al-Saïrafi lors de l’évènement.
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Ambition de longue date
Les pays du Golfe n’ont pas attendu les récents évènements sportifs – comme la coupe du monde au Qatar, qui a drainé plusieurs centaines de milliers de touristes vers Doha – pour entamer leur longue mue ; devançant la France sur le quoi qu’il en coûte. "L’inauguration du Louvre Abu Dhabi ou de la Sorbonne Abu Dhabi en sont deux exemples", illustre Cécile Chamaret, spécialiste des comportements de consommation dans les pays du Golfe. La multiplication des accords de la compagnie Emirates avec les offices du Tourisme et son rapprochement avec Etihad en sont d’autres.
Le "visa Schengen" fantasmé par le Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui regroupe le Qatar, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Bahreïn, Oman et le Koweït, pourrait en effet réhabiliter un mastodonte en panne depuis longtemps. Jusque récemment, la prédominance naturelle de l’Arabie Saoudite lui valait le rôle de "mère protectrice" des plus petits États. "Tout ceci fonctionnait très bien, pourvu qu’elle fît la pluie et le beau temps", raconte Karim Sader, politologue spécial[...]
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