"Les demandes explosent, on doit trier les patients" : psychiatre, une profession à bout de nerfs
Les chiffres donnent raison aux quatre syndicats de psychiatres hospitaliers qui appellent à la grève ce mardi 29 décembre. Depuis quelques années, les moyens accordés aux établissements publics baissent drastiquement, alors que la demande, elle, ne cesse d'augmenter. Le développement de l'ambulatoire et des prises en charge "hors les murs", défendus par le gouvernement, est loin de répondre aux besoins de soins.
Ils veulent éviter l'effondrement de la psychiatrie publique, qui dispose de 66% des capacités d’hospitalisation de la spécialité selon la Drees. Ce mardi 29 novembre, à l’appel de quatre syndicats, les psychiatres d’exercice public battent une nouvelle fois le pavé pour dénoncer un "abandon de la psychiatrie" et son "délabrement".
Prise dans un maelström d’évènements particulièrement anxiogènes – Covid-19, crise climatique, guerre en Ukraine – celle-ci "explose sous les demandes", d’après Priscille Gerardin, professeur de psychiatrie enfant-ado et cheffe de pôle au CHU du Rouvray à Rouen, alors que, simultanément, le nombre de places dans les établissements publics ne cesse de diminuer.
4 000 lits de moins en 4 ans
En 2014, l’Agence technique de l’information sur l’hospitalisation (ATIH) faisait état de 415 000 hospitalisations - à temps complet et à temps partiel. Quatre ans plus tard, ce sont 10.000 patients en plus qui ont été pris en charge. Sur la même période, les services publics de psychiatrie ont pourtant perdu plus de 4 000 lits, obligeant les professionnels à faire le tri dans les arrivées.
"Aux urgences, qui sont elles aussi saturées, ou dans les services, on se retrouve à devoir prioriser tel ou tel patient. Prioriser, c’est faire un choix entre un patient qui sera soigné et l’autre à qui l’on soustrait des chances de guérir rapidement", décrit la psychiatre.
Le "virage ambulatoire" souhaité par les pouvoirs publics, et qui sert souvent à justifier ces fermetures de lits, ne comble pas l'érosion des capacités, loin de là. En psychiatrie, l'ambulatoire correspond aux soins dispensés dans des structures d'accueil, en dehors des centres hospitaliers. Chaque année, ce sont 2 millions de patients qui sont traités via ce parcours de soins. Pourtant, les centres médico-psychologiques (CMP), au cœur de cette prise en charge "hors les murs", [...]
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