La dérive fascite du régime de Poutine

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EDITORIAL - Force est de constater les nombreux éléments communs entre le régime de Poutine et le fascisme : un autocrate tout puissant, un régime policier fort, un lavage de cerveau quotidien, une idéologie d’Etat fondée sur la réécriture de l’Histoire et surtout l’exaltation de la guerre, estime l'historien et éditorialiste Michel Winock.

Souvent, j’ai contesté l’emploi du mot "fasciste" à tort et à travers, utilisé pour désigner n’importe quelle dictature, n’importe quel mouvement d’extrême droite. Le fascisme historique, dont l’inventeur a été Benito Mussolini en Italie, s’est distingué des autres régimes autoritaires par la soumission de la population, non seulement à la force et à la police du pouvoir, mais à une idéologie officielle appliquée à tous les aspects de la vie publique et de la vie privée. La finalité de ce conditionnement par la propagande, par l’école, par les mouvements de jeunesse, par la radio et le cinéma, était de faire naître un "homme nouveau".

Puissance et domination

Au début des années 1930, Mussolini, aidé par le philosophe Giovanni Gentile, a mis en forme l’exposé de la doctrine fasciste pour l’Encyclopédie italienne, que l’on peut lire dans sa traduction française parue en 1934. Parmi les idées fondamentales du fascisme qui le singularisent des autres dictatures, il faut insister sur la valorisation de la guerre : "La guerre, seule, porte au maximum de tension toutes les énergies humaines et imprime une marque de noblesse aux peuples qui ont le courage de l’affronter."

Et Mussolini d’écrire plus loin : "Cet esprit antipacifiste, le fascisme l’applique même à la vie des individus". Il s’affirme contre "les idéologies démocratiques", "contre les doctrines libérales" et élève l’Etat au rang d’un "absolu devant lequel les individus et les groupes ne sont que le relatif". Surtout, "l’État fasciste est une volonté de puissance et de domination". La notion d’empire lui est consubstantielle car l’empire n’est pas seulement une conquête territoriale, mais une "expression spirituelle et morale". Mussolini mettra en application cette maxime en se lançant dans la conquête de l’Ethiopie, membre de la Société des Nations — comme l’Ukraine aujourd’hui est membre des Nations Unies.

Eloge de la guerre

Si nous nous transposons dans la Russie d’aujourd’hui, force est de constater les no[...]

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