Cyril Dion: "Il n’y aura pas de croissance sur une planète morte"

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INTERVIEW - Cyril Dion, le réalisateur du documentaire Animal – en salle depuis le 1er décembre – raconte à Amandine Lepoutre, présidente du think tank Thinkers & Doers, son engagement contre la sixième extinction de masse. Le militant écologiste appelle les décideurs économiques et politiques à penser leurs engagements au prisme du vivant. Pour durer.

Amandine Lepoutre – Il y a une prise de conscience générale de l’urgence à agir. Le film présente 3 types d’acteurs majeurs qui ont le pouvoir d’agir : les États et les politiques en légiférant, les entreprises en transformant leurs modes de production et les citoyens en consommant différemment. Pourquoi le changement ne vient pas ou pas à la hauteur de ce qu’il faudrait faire pour éviter la disparition des espèces et le réchauffement climatique ? Et qui peut agir le plus efficacement parmi ces acteurs ?

Cyril Dion - Parce que, de façon très schématique, ces 3 groupes d’acteurs se tiennent les uns les autres. Les politiques ont besoin des puissances économiques pour être élus et les intérêts publics sont trop souvent orientés par les intérêts privés. C’est l’essentiel du problème. On le voit très bien dans le passage du film qui se déroule au Parlement européen, le système des lobbys est très puissant et freine totalement nos démocraties. De leur côté, les décideurs économiques sont soumis à des règles mondiales et ceux qui voudraient changer les indicateurs risquent de perdre au jeu de la concurrence. Enfin, les citoyens vivent dans ce monde orienté par les décideurs économiques et politiques. Ils n’ont pas vraiment les capacités de décider de tout changer ou alors à la marge. Ces trois groupes ont besoin de brèches qui ouvrent des espaces de créativité nouveaux.

La question que tout le monde pose à l’issue de ce film est celle du comment ? Comment on s’y prend et quels sont les leviers sur lesquels il faut appuyer ?

Sur les sujets structurels qui conduisent les grandes évolutions du monde (le droit des femmes, la fin de la monarchie, l’abolition de l’esclavage, etc), j’observe qu’il faut la conjonction de 3 grands facteurs. Le premier consiste à faire émerger de nouveaux récits : penser le monde autrement que ce qu’il est. Évidemment on pense à des personnes ou des mouvements emblématiques comme les Lumières, Martin Luther King qui pense un monde où les noirs e[...]

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