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Cryan succède au duo Jain-Fitschen à la tête de Deutsche Bank

par Thomas Atkins et Edward Taylor

FRANCFORT (Reuters) - Deutsche Bank a annoncé dimanche la nomination de John Cryan au poste de président du directoire après la démission surprise des deux titulaires actuels, Anshu Jain et Jürgen Fitschen, deux semaines après une réorganisation de la direction qui a déçu les actionnaires de la banque allemande.

John Cryan, un Britannique de 54 ans, siégeait depuis 2013 au conseil de surveillance de Deutsche Bank et avait été dans le passé directeur financier de la banque suisse UBS. Il remplacera Anshu Jain dès le 1er juillet puis occupera seul la présidence du directoire après le départ de Jürgen Fitschen programmé pour mai 2016.

Deutsche Bank peine à redresser son image ternie par une série d'affaires et sa stratégie de banque universelle a été vivement critiquée lors de son assemblée générale du 21 mai dernier.

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La direction en place n'a recueilli que 61% des suffrages contre 89% l'an passé, un vote interprété comme un cinglant avertissement adressé aux deux dirigeants.

Pressentant la colère des actionnaires, la banque basée à Francfort avait annoncé quelques heures avant l'AG une refonte totale de sa direction, à l'avantage d'Anshu Jain qui se voyait

la responsabilité de la réorganisation en cours et d'un plan d'économies de 4,7 milliards d'euros. Sa promotion a été accueillie par des protestations des salariés du siège qui, inquiets pour leurs emplois, ont appelé à sa démission.

John Cryan, qui a présidé de 2012 à 2014 le fonds souverain singapourien Temasek, a admis qu'il y avait beaucoup à faire pour remettre la première banque allemande sur le bon chemin. "Notre avenir dépendra de notre capacité à mettre en oeuvre notre stratégie, à convaincre nos clients et à réduire la complexité. J'ai hâte d'entamer ce travail le 1er juillet", affirme-t-il dans le communiqué annonçant sa nomination.

Paul Achleitner, le président du conseil de surveillance, a assuré que John Cryan était le bon choix au bon moment.

"John est non seulement un banquier aguerri avec une vaste expérience des affaires financières mais il a fait siennes les valeurs professionnelles et personnelles requises pour faire avancer Deutsche Bank et (le plan) Strategy 2020", écrit-il.

La décision d'Anshu Jain et de Jürgen Fitschen de se retirer montre leur souci de placer les intérêts de la banque avant les leurs, ajoute-t-il en les remerciant pour leur contribution.

PRESSION

Anshu Jain, d'origine indienne et naturalisé britannique, avait été promu en 2012 à la direction de Deutsche Bank après avoir fait de la division de banque d'investissement, dont il était le responsable, le principal moteur des bénéfices du groupe.

Sous son influence, Deutsche Bank a rivalisé au plan international avec les grands établissements de Wall Street, ce qui lui avait valu d'être mieux payé que le président du directoire d'alors, Josef Ackermann.

Mais le durcissement de la réglementation après la crise financière et une succession de litiges, dont une amende de 2,5 milliards de dollars pour éviter un embarrassant procès dans l'affaire de manipulation des taux d'intérêt Libor, ont fait perdre son lustre à la division de banque d'investissement, que certains en interne appelaient "l'armée d'Anshu".

L'étoile d'Anshu Jain a ainsi commencé à pâlir avec sa désignation à la tête du groupe et les performances de Deutsche Bank ont été, depuis sa nomination et celle de Fitschen il y a trois ans, parmi les plus faibles des grandes banques mondiales.

Le choix du groupe de laisser l'ex-trader de 52 ans gérer seul la restructuration, avec ses suppressions d'emplois, la scission de la filiale Postbank et la réduction de la voilure de la banque d'investissement, l'a placé dans une situation difficile avec une énorme pression, palpable lors de l'AG quand son intervention en anglais - en principe interdite par la réglementation allemande - a heurté journalistes et actionnaires locaux.

Jürgen Fitschen avait été nommé co-président du directoire aux côtés de Jain pour maintenir l'identité allemande du groupe mais il doit comparaître actuellement une fois par semaine à un tribunal de Munich où il est jugé pour faux-témoignage dans l'affaire de la faillite du groupe de médias Kirch en 2002. Dans cet interminable feuilleton judiciaire, les héritiers de Leo Kirch, mort en 2011, accusent Deutsche Bank d'avoir provoqué la faillite de l'empire et lui réclament des dommages et intérêts.

PAS DE CHANGEMENT DE CAP ?

John Cryan hérite du nouveau plan stratégique qui a été critiqué par certains actionnaires comme insuffisant et arrivant trop tard.

Selon une source bancaire haut placée, le nouveau président du directoire ne devrait pas entreprendre de gros changements de stratégie et s'en tiendra aux grandes lignes définies par ses prédécesseurs.

La nouvelle stratégie sur laquelle travaillent Fitschen et Jain "a clairement le soutien de Cryan", a dit la source. "La stratégie ne sera pas reformulée mais il y a clairement de la marge pour en affiner les détails."

Un analyste requérant l'anonymat a noté que John Cryan avait aidé à sortir UBS de la crise. "C'est une personne humble (...) qui préfère la litote contrairement aux 'maîtres de la génération universelle'", affirme-t-il.

Gerhard Schick, le porte-parole des Verts allemands pour les affaires financières, s'est félicité d'une décision qui selon lui peut enfin permettre à Deutsche Bank de prendre un nouveau départ après plusieurs années perdues.

"Les patrons actuels étaient trop liés aux problèmes pour pouvoir incarner le changement. Ce nouveau départ aurait dû être donné quand (l'ancien président) Josef Ackermann est parti", a-t-il dit. "La nouvelle direction devra faire le ménage, en particulier dans la banque d'investissement."

(avec la contribution de Steve Slater à Londres, Véronique Tison pour le service français)