Credit Suisse/UBS: pourquoi la Suisse s'est résignée à créer un "monstre" bancaire
Fragilisé avant la tempête boursière, ce symbole de la finance helvétique sera avalé par UBS. Un choix coûteux, pour préserver la sécurité bancaire en Europe.
Sur Paradeplatz, la place zurichoise où les banques les plus huppées sont établies, le siège de Credit Suisse est aussi imposant qu’anachronique. Le somptueux bâtiment du groupe bancaire, tout en arcades et en pierre de taille, est, depuis lundi matin, le vestige rutilant d’une réalité sacrifiée. Dimanche 19 mars, en fin de journée, le colosse de la finance suisse a été englouti par sa rivale de toujours, la banque UBS, au terme d’une semaine survoltée qui a vu son cours de Bourse plonger et les investisseurs du monde entier se détourner.
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Habituellement non interventionniste, l’Etat fédéral suisse est allé contre sa nature, poussé par la pression des gouvernements européens, inquiets que la chute de Credit Suisse n’emporte avec elle d’autres établissements du continent. Ce nouvel ensemble sous stéroïdes, gérant près de 5.000 milliards d’euros d’actifs – soit plus de six fois le PIB de la Suisse – régnera sans partage sur la finance helvétique.
Deux incidents ont mis le feu aux poudres
Si le deal est humiliant pour Credit Suisse, il est jubilatoire pour UBS. L’opération s’est conclue pour un montant de 3 milliards d’euros, très loin des premières estimations qui valorisaient la banque autour de 20 milliards. D’autres propositions étaient pourtant sur la table. Elles n’ont pas trouvé grâce aux yeux du régulateur suisse, soucieux de préserver la souveraineté de son secteur bancaire.
L’établissement centenaire fait les frais d’une crise de confiance généralisée après la faillite de plusieurs banques moyennes américaines, au début du mois de mars. Mais ce sont deux incidents récents qui ont mis le feu aux poudres. D’abord, au sein de Credit Suisse, le top management, Axel Lehmann, président de la banque, et son directeur général Axel Körner, ont ordonné le report momentané de la publication de son rapport annuel 2022, après des questions soulevées par la SEC (Securities and Exchange Commission), l[...]
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