Crèches privées : “La hausse du nombre de places se fait parfois au détriment de la sécurité des enfants”
Capital : Qu’est-ce qui vous a incité à vous pencher sur le fonctionnement des crèches privées ?
Elsa Marnette : Des témoignages de parents dans les Yvelines ou en Seine-Saint-Denis sont remontés jusqu’à nous. Ils nous racontaient qu’ils avaient retiré leurs enfants de micro-crèches privées car ils avaient des soupçons de négligence, de maltraitance ou encore parce qu’ils n’avaient pas confiance dans l’équipe. Un papa des Yvelines a porté plainte pour mise en danger de la vie d’autrui parce que son fils avait été retrouvé hors de la crèche et à deux doigts de s’engager dans une avenue très passante. Tout est parti de là. Nous avons commencé à enquêter et il y a eu le drame de Lyon en juin 2022, où une petite fille a été tuée dans une micro-crèche privée. Nous nous sommes alors demandé ce qui se passait derrière les portes de ces structures.
Qu’avez-vous trouvé derrière ces portes ?
Nous ne voulons pas généraliser, mais nous avons eu beaucoup de témoignages de professionnels qui nous ont parlé de rationalisation des coûts. On leur demande de faire des économies sur les couches, sur le nombre de repas commandés. Une directrice nous a raconté qu’elle devait commander moins de repas que le nombre d’enfants qui étaient inscrits, en misant sur les absents. Une salariée nous a dit que des petits sortaient de table en ayant encore faim. Des salariées nous ont aussi expliqué qu’elles devaient acheter des produits en catastrophe car ils manquaient. C’est une gestion un peu à l’économie en (...)