Crédits carbone, RSE, "neutralité"...: En finir avec le commerce du greenwashing des entreprises
TRIBUNE - Pour ne rien avoir à changer, les entreprises font des promesses de "neutralité" carbone sans stratégies crédibles et se jettent dans le commerce des crédits carbone contreproductif, dénonce Amandine Lepoutre, présidente du think tank Thinkers & Doers.
Au début du 16e siècle, la papauté en mal de fonds pour l’édification de la nouvelle basilique Saint-Pierre de Rome a eu massivement recours à un procédé déjà ancien, le commerce des indulgences, autrement dit la promesse d'une sortie accélérée du purgatoire contre des dons sonnants et trébuchants.
En serions-nous là de nos jours avec le changement climatique et la crise écologique? Suffit-il à certaines entreprises de payer des messes pour se faire absoudre de toute responsabilité dans ce qui pourrait être la plus grande crise du monde moderne? Il semblerait bien que oui, à lire l’étude qui vient d’être publiée conjointement par le think tank New Climate Institute et l’ONG Carbon Market Watch. Les promesses de "neutralité" carbone de 25 multinationales ont été passées au crible, et bien peu s’en sortent dignement. Si toutes affichent des objectifs ambitieux comme le zéro émission nette d’ici 2030, 2040 ou 2050, la plupart ne racontent aucunement où se trouve pour elles le premier kilomètre à parcourir sur ce chemin. 2050, rappelons-le, n’est qu’une date limite, et non pas l’heure à laquelle régler son réveil.
Un vrai engagement transforme, il ne peut en rester à des déclamations ou des intentions. Chaque multinationale a poussé loin l’art d’entretenir le flou sur le périmètre de ses engagements. Le géant de la distribution Carrefour, par exemple, semble bien les avoir restreints à ses magasins possédés en propre, et non à ses franchisés, qui pourtant représentent près de 80% de son réseau.
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Commerce de la compensations carbone
La pratique la plus courante reste le commerce non des indulgences, mais des crédits carbone, pour compenser ses émissions massivement au moyen de la plantation de millions d’arbres, dont on sait aujourd’hui qu’ils sont un appauvrissement de la biodiversité locale, qu’ils soustraient des terres cultivables et que leurs capacités d’absorption du CO2 sont lentes et ta[...]
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