Covid-19 : les limites vaccinales
Une immunité collective durable par les vaccins seuls est probablement illusoire en raison de la multiplication des variants.
Des approches complémentaires seront nécessaires.
L’expérience très simple de l’Italien Rino Rappuoli, docteur en biologie qui dirige la section R&D des vaccins du laboratoire GSK, a fait le tour du monde: il a injecté la souche initiale du Sars-CoV-2 dans le sérum riche en anticorps neutralisants d’un malade ayant été positif au Covid-19. Quatre-vingts jours plus tard, par sélection naturelle, la souche initiale s’est transformée en un virus mutant contre lequel les anticorps n’ont plus eu d’effet. C’est sans doute par un mécanisme semblable, accéléré par la transmission humaine, que la population de Manaus, au Brésil (2 millions d’habitants), infectée à 76 % pendant la première vague, a été encore plus massivement réinfectée quelques mois plus tard par une nouvelle version du virus. Un vaccin porteur de la protéine Spike d’origine (avec laquelle Sars-CoV-2 envahit nos cellules) ne les aurait pas protégés davantage. De quoi faire voler en éclats l’idée d’une immunité collective induite par une contamination ou une vaccination.
70 % des contaminations en France sont actuellement dues au variant britannique et 5 à 10 % aux variants sud-africain et brésilien
Au début de la pandémie, nombre de scientifiques tablaient sur une certaine stabilité du virus. À l’aune des milliers de mutations survenues depuis, et bien que très peu aient survécu, il faut déchanter, car celles qui persistent ne cessent d’augmenter. Souvenons-nous : en six mois à peine, le virus initial de Wuhan a été remplacé dans le monde entier par un variant plus contagieux, sans être plus dangereux, apparu à la fin du mois de janvier 2020, porteur de la mutation D614G. Depuis décembre 2020, trois autres mutants très actifs, britannique (501Y.V1), sud-africain(...)