Covid-19: la colère froide des soignants face aux antivax
Face à la majorité de malades non vaccinés, le personnel hospitalier est à bout.
Il dit subir des étourdissements, avoue des difficultés avec les gestes rapides. S’excusant de sa mine, de ses trous de mémoire, il s’efforce de sourire. Il évoque une bêtise, se souvient d’avoir frôlé la mort. « L’étiquette accrochée à mon bras précise mon arrivée, le 9 décembre. Nous sommes le 22. Il me manque un morceau de l’histoire. J’ai été inconscient quelques jours, sous assistance respiratoire », raconte-t-il. Dans sa chambre de l’hôpital Rangueil, à Toulouse, Christophe, 55 ans, rescapé d’un grave Covid, démêle le fil de son récit. Il dit souffrir d’un peu de diabète, d’un léger embonpoint. Lui, aux gestes barrières drastiques, qui habite à la campagne, se fait livrer ses courses et travaille en bureau d’études à la conception de satellites, n’a jamais souhaité se faire vacciner. « Par peur ou par méconnaissance du sujet », admet-il en chuchotant. Il sait qu’il a brûlé une cartouche.
Lire aussi:Ces personnalités qui ont mis en doute la vaccination
À Rangueil, le service de soins continus, où Christophe se remet doucement, ne désemplit pas, tandis que la réanimation voit débarquer des patients Covid graves. Ce service constamment sollicité est le seul de la région à pratiquer l’Ecmo, cette technique qui remplace l’activité des poumons quand ceux-ci sont trop endommagés par l’orage cytokinique engendré par le virus. Cette semaine de Noël, l’ensemble du CHU de Toulouse affichait au plus fort 134 cas de Covid, dont 33 en réa. Pour accéder au service, qui, à Rangueil, a des allures de bunker, il faut franchir quelques sas. Sur une des portes, un écriteau est scotché : « Sauve ta réa, un jour elle te sauvera. » À l’accueil, Sophie Comet, cadre de santé, prévoit de faire revenir du personnel en vacances.
Lire(...)