Le coup de gueule de l'industrie de défense contre les banques
EXCLUSIF - Dans une lettre adressée à Sébastien Lecornu, le patron du Conseil des industries de défense françaises (Cidef) et PDG de Dassault Aviation Eric Trappier alerte sur "les difficultés croissantes" de l’industrie de l’armement à se financer. Et donne des noms de banques qui ne jouent pas le jeu.
Le torchon brûle entre la finance et l’industrie de défense. Dans une lettre adressée au ministre des Armées Sébastien Lecornu datée du 22 novembre, dont Challenges a obtenu copie, le président du Cidef (Conseil des industries de défense françaises) Eric Trappier, également PDG de Dassault Aviation, alerte sur les "difficultés croissantes" de l’industrie de l’armement "dans sa relation avec les banques et les fonds d’investissement". Ces difficultés, explique Eric Trappier, sont liées à l’"application par le secteur financier des règles spécifiques" liées à la politique de l’UE pour "orienter les investissements vers des activités qualifiées de durables". En clair, à la fameuse taxonomie européenne.
Quel est le problème? "De manière systématique, écrit Eric Trappier, ces travaux rassemblent sous le même vocable "d'industrie de défense" la production d'équipements autorisés par les Etats et les organisations internationales et ceux dont la production est interdite (mines anti-personnel, bombes à sous-munition, armes chimiques, armes biologiques)". Cette approche conduit, selon Eric Trappier, à la "stigmatisation" de l’industrie de défense, "et donc aux difficultés dans la relation avec les banques et les fonds qui tendent de plus en plus à exclure les industriels du secteur de leur portefeuille."
Selon une étude Barclays basée sur les données de Morningstar, 20% des fonds actions qui promeuvent les critères environnementaux et sociaux (dits "article 8", en jargon financier) excluent les entreprises impliquées dans des contrats militaires, souligne le patron du Cidef. Le chiffre passe à 40% pour les fonds qui ont pour objectif l’investissement durable ("article 9"). Pire, souligne le PDG de Dassault Aviation, "la production d'équipements au service de la dissuasion nucléaire représente une circonstance aggravante pour beaucoup de banques et fonds".
Bpifrance et la Caisse des dépôts montrés du doigt
Cette mise à l’index apparaît inacceptable au Cidef, "au moment où l'[...]
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