Comment convaincre les Français ? Les enjeux politiques de la campagne vaccinale
Chloé Morin (Sociéting) et Adrien Abecassis (Fondation Jean Jaurès), décryptent pour Paris Match les enjeux politiques de la campagne vaccinale.
Il y a quelques semaines, la perspective d’un vaccin contre le coronavirus ressemblait encore à un rêve lointain. Mesurons le chemin parcouru : non seulement nous savons que nous aurons sous peu un vaccin efficace, mais nous savons désormais qu’il y en aura plusieurs, qui auront des caractéristiques différentes et donc permettront de limiter les risques. Pour autant, nous aurions tort d’y voir la fin de tous nos ennuis, et le défi qui attend les pouvoirs publics est immense. Défi logistique, évidemment. Mais défi médiatico-politique aussi, avec la nécessité d’anticiper, et surtout de bien calibrer la communication.
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Une grande défiance vaccinale
Pour des raisons historiques et politiques, notre pays figure parmi ceux où la défiance vaccinale est la plus marquée. De fait, le vaccin contre le coronavirus ne fera pas exception. A peine plus de la moitié des Français envisagent à ce jour de se faire vacciner – 60% selon BVA. Derrière ce chiffre, la défiance déborde largement le cadre des « complotistes » et des habituels défiants. Les autorités sanitaires devront prendre au sérieux les réticences : pour l’essentiel, elles n’ont pas de base complotiste, mais tiennent à ce que ce vaccin est nouveau, et que nous manquons donc de recul sur ses effets collatéraux potentiels (73%, selon BVA, ont peur des effets secondaires du vaccin).
On ne peut s’empêcher de noter ce que cela veut dire pour la France, longtemps pays où la raison, la science et la confiance dans le progrès constituaient un ciment collectif. Le fait que les meilleurs cerveaux du monde aient travaillé nuit et jour depuis des mois, en multipliant les collaborations internationales comme jamais auparavant, pour(...)