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TOUT COMPRENDRE - Un "ballon espion" chinois survole les États-Unis et crée des tensions diplomatiques

Le ballon chinois photographié au-dessus du Montana le 1er février 2023 - Chase DOAK / AFP
Le ballon chinois photographié au-dessus du Montana le 1er février 2023 - Chase DOAK / AFP

"Ça, c'est la Lune, mais ce truc-là, qu'est-ce que c'est?", s'interroge un habitant du Montana (États-Unis) dans une vidéo. Comme d'autres, il a observé mercredi dans le ciel américain une tache blanche inhabituelle. Les autorités américaines ont déclaré jeudi qu'il s'agissait d'un ballon espion chinois survolant le pays, ce que la Chine dément. Pékin a toutefois reconnu vendredi soir que l'engin venait bien de Chine.

Cette situation a grandement tendu les relations entre les deux pays.

· C'est quoi ce ballon?

L'engin en question a l'aspect d'un gros ballon blanc. Les renseignements américains refusent de donner sa dimension, mais selon des informations de CNN, il ferait la taille de trois bus.

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Il est situé à environ 18km au-dessus du sol, a déclaré l'attaché de presse du département de la Défense Patrick Ryder vendredi soir dans une conférence de presse. Il a répété que le ballon avait "violé l'espace aérien américain et les lois internationales". Ce ballon reste toutefois "bien au-dessus du trafic aérien commercial et ne constitue pas une menace pour l'aviation civile."

Le ballon a survolé les îles Aléoutiennes dans le nord de l'océan Pacifique, puis a traversé l'espace aérien canadien jusqu'aux États-Unis, où il a volé au-dessus de l'État du Montana. Il a continué sa course et se trouve toujours actuellement au-dessus des États-Unis a expliqué le responsable américain, refusant toutefois de dire où cet engin se trouvait précisément.

Dans un compte-rendu publié jeudi, le département américain de la Défense parle d'un "ballon de surveillance", sans donner plus d'informations sur les raisons qui amènent à cette conclusion. Il s'agit donc clairement, côté américain, d'un ballon d'espionnage envoyé par la Chine pour surveiller les États-Unis.

La Chine a, elle, assuré vendredi soir qu'il s'agissait "d'un aéronef civil utilisé à des fins de recherches, principalement météorologiques", en provenance de Chine. "Affecté par les Westerlies (Vents d'ouest, ndlr) et avec une capacité d'auto-direction limitée, l'aéronef a dévié loin de sa trajectoire prévue", a déclaré un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères dans un communiqué.

Un autre ballon a également été signalé ce vendredi au-dessus du Canada, mais très peu d'informations ont été données à son sujet, et la Chine n'a pas été citée. "Les Canadiens sont en sécurité" a surtout assuré Ottawa.

· Quel danger pour les États-Unis?

Les autorités chinoises "essayent clairement de faire voler ce ballon au-dessus de sites sensibles pour collecter des informations", a expliqué le département de la Défense américain.

L'engin ne représente toutefois pas, selon les autorités américaines, de danger pour les civils pour le moment, comme pour les militaires. D'après leurs déclarations, ce moyen ne permettrait pas à la Chine d'obtenir plus d'informations qu'elle n'aurait déjà grâce à ses satellites par exemple. Il reste toutefois surveillé de très près et en permanence.

Cet engin peut "regarder nos échanges de téléphone mobile, nos échanges radios, les réseaux de commandement et de contrôle du gouvernement", a détaillé sur BFMTV Cédric Leighton, analyste militaire.

Mais "il y a aussi ce que l'on appelle la triade nucléaire, composée de bombardiers, missiles et sous-marins. Deux parties de cette triade sont directement sur la trajectoire de ce ballon chinois", ajoute-t-il.

· Pourquoi l'engin n'a-t-il pas été détruit?

"Nous examinons les options possibles", a déclaré Patrick Ryder vendredi soir, déclarant ne pas pouvoir en dire davantage sur le sujet. Le compte-rendu du département de la Défense explique qu'il a été question dans les premières heures de détruire le ballon.

Mais "nous avons évalué que le risque de l'abattre - même si la probabilité était faible dans une zone peu peuplée que les débris tombent et blessent quelqu'un ou endommagent des biens - n'en valait pas la peine."

"Nous prenons néanmoins des mesures pour nous protéger contre la collecte d'informations sensibles par des renseignements étrangers", est-il précisé.

· Que dit la Chine?

Dans un premier temps, la Chine n'a pas reconnu que le ballon venait de son sol, expliquant vouloir d'abord "vérifier" des informations. "En ce qui concerne le ballon, nous examinons et vérifions la situation, et espérons que les deux partis pourront gérer cette situation ensemble, calmement, et avec précaution", a ainsi déclaré Mao Ning, porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois vendredi matin.

"La Chine est un pays responsable et a toujours strictement respecté les lois internationales. Nous n'avons pas l'intention de violer le territoire et l'espace aérien d'un pays souverain", a-t-elle ajouté.

Dans la soirée, le gouvernement chinois a toutefois reconnu que le ballon venait de Chine, mais a réfuté le fait qu'il s'agissait d'un ballon espion. La Chine "regrette l'entrée involontaire de l'aéronef dans l'espace aérien américain, un cas de force majeure", a assuré Pékin.

Le département d'État américain a de son côté convoqué Xu Xueyuan, haut responsable du gouvernement chinois à Washington, "pour délivrer un message très clair et sans équivoque", explique une source à CNN. Ce même message a également été envoyé aux hautes sphères de Pékin, écrit le média américain.

· Est-ce la première fois?

Dans le compte-rendu des autorités américaines, il est souligné que "ce n'est pas la première fois qu'un ballon de cette nature survole la partie continentale des États-Unis. C'est arrivé une poignée d'autres fois au cours des dernières années, y compris avant cette administration". Les autorités américaines refusent toutefois d'en dire davantage sur ces précédents.

Mais cette fois le ballon "semble rester pendant une longue période, plus longtemps que dans les cas précédents. Ce serait donc un facteur distinctif."

Le général Jérôme Pellistrandi, consultant défense pour BFMTV, confirme que ce ne serait pas la première fois qu'un ballon est utilisé à des fins militaires: ce moyen "a toujours été utilisé, il est de plus en plus utilisé: c'est à la fois sophistiqué mais relativement simple à mettre en oeuvre et c'est extrêmement efficace."

· Quelles conséquences diplomatiques entre les deux pays?

Cet indicent survient alors que le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken devait se rendre à Pékin dimanche et lundi. Le voyage a été annulé. Il sera reprogrammé quand "les conditions seront réunies", a expliqué Patrick Ryder, tout en se disant "confiant" dans la capacité des États-Unis à maintenir le dialogue avec Pékin.

La visite en Chine d'Antony Blinken aurait été la première d'un secrétaire d'État américain depuis octobre 2018, au moment où les deux superpuissances cherchent à éviter que les vives tensions qui les opposent ne dégénèrent en conflit ouvert.

Parmi les nombreux sujets de contentieux figurent Taïwan, que la Chine revendique comme faisant partie intégrante de son territoire, et les activités de Pékin en mer de Chine méridionale.

Article original publié sur BFMTV.com