Climat: trois ans pour sceller le destin du siècle

Le sixième rapport du Giec appelle à inverser dès 2025 la courbe des émissions de CO2 mondiales. Et balise la route pour décarboner l'activité économique.

Objectif 2025. Le 6e rapport du Giec, publié le 4 avril, pose pour la première fois une échéance aussi proche que décisive pour éviter l'emballement climatique. Dans trois ans, le pic mondial des émissions de CO2 doit être atteint, expliquent ses 278 auteurs, pour générer ensuite "de très rapides et profondes réductions d'émissions de CO2 de 2030 à 2050" . A défaut, notre trajectoire actuelle - le record d'émissions de CO2 à l'échelle mondiale a encore été battu entre 2010 et 2019, troisième décennie la plus chaude de l'histoire de l'humanité -, nous emmène vers un réchauffement moyen de 3,2 °C à la fin du siècle. Loin des 1,5 °C à 2 °C promis par l'Accord de Paris signé en 2015.

Derrière ce travail de titan - 18.000 publications scientifiques passées au crible, six années de travail, 2.900 pages de scenarii et un résumé pour décideurs discuté mot à mot en zoom planétaire avec les représentants des 195 Etats -, un message s'adresse à tous les acteurs de la société. "Comme pour un marathon, le Giec nous appelle à caler la cadence et la méthode dans les trois ans qui viennent, résume Benoît Leguet, directeur de l'Institut de l'économie pour le climat d'I4CE et membre du Haut Conseil pour le climat . Sinon, il sera impossible de tenir le rythme dans la durée pour décarboner massivement."

Utiliser le "budget carbone"

Si le Giec appelle à l'audace, c'est parce que le "budget carbone" - l'ultime tranche de CO2 que l'humanité peut émettre avant emballement incontrôlé - fond comme neige au soleil: à peine 500 milliards de tonnes d'équivalent CO2 si l'on vise un réchauffement à 1,5 °C à la fin du siècle, un peu plus du double pour 2 °C. Sachant que l'humanité en émet en moyenne 50 milliards de tonnes par an, l'échéance se profile dans dix ans.

Impératif premier: utiliser ce "budget" avec autant de parcimonie que chaque goutte d'eau lors de la traversée d'un désert à la durée incertaine. Le temps d'atteindre - en 2050 ou en 2070 selon l'effort - l'objectif qui obsède désormai[...]

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