« Cher Connard » de Virginie Despentes est la chronique du désespoir numérique
Virginie Despentes fait l’éloge funèbre des réseaux sociaux dans Cher Connard, roman désespéré, mais pas sans issue, publié chez Grasset en cette rentrée littéraire 2022.
« Cher connard,
J’ai lu ce que tu as publié sur ton compte Insta. Tu es comme un pigeon qui m’aurait chié sur l’épaule en passant. C’est salissant, et très désagréable. »
En lisant Virginie Despentes, on se dit que ce n’est peut-être pas pour rien qu’une vague de messages haineux, sur Twitter ou Instagram, se définit souvent comme une shitstorm — « tempête de merde » en français. Sous sa plume aussi brute qu’à l’accoutumée, l’autrice fait l’éloge funèbre des réseaux sociaux. Ce ne sont que des bouches d’égout dont il s’agit de trouver l’issue.
Cher Connard est une chronique du désespoir numérique. Pour nous plonger sans filtre dans la « nuit compacte » qu’elle entend dézinguer, Despentes emploie la forme épistolaire — par mails — d’une amitié naissante entre une actrice (Rebecca), un écrivain sous le coup d’une dénonciation MeToo (Oscar), à quoi s’ajoutent les posts Insta de la dénonciatrice (Zoé).
« Nous croyons que sans la technologie, nos corps sont nuls »
C’est après 200 pages que le couperet tombe : « Twitter est coupable. Facebook est coupable. YouTube est coupable.