Chômage des jeunes, pratiques illégales… ce que cachent les milliards de l'apprentissage
ENQUÊTE - Grâce aux aides publiques, plus d’un million de contrats en alternance ont été signés en 2022, selon les chiffres qui seront publiés début mars. Mais ces financements, qui profitent surtout à l’enseignement privé, n’ont pas permis d’enrayer le chômage des jeunes.
Il y a foule ce samedi 5 février au Salon de l’Etudiant du Parc des Expositions de Paris. Parents stressés, ados indécis, lycéennes volubiles remplissent leur tote bag (sac fourre-tout) d’épaisses brochures. Sur les stands, des kakémonos montrent des jeunes hilares brandissant leur diplôme tandis que des étudiants aux couleurs de leur école font l’article. Pour un peu, on se croirait à la Foire de Paris, sans les éponges magiques et les coupe-légumes.
C’est effectivement le grand bazar dans l’enseignement supérieur. Entre les formations contrôlées par l’Etat, les titres inscrits au Registre national des certifications professionnelles (RNCP) ou les diplômes visés par le ministère de l’Enseignement supérieur, ceux qui délivrent le grade de licence ou de master, à ne pas confondre avec les mastères et les masters of science, impossible de s’y retrouver. Mais cette année, le produit vedette, c’est l’apprentissage. "Tes études sont payées par l’entreprise et tu touches un salaire dès la première année, répète en boucle la responsable de l’ESMD, l’école des nouveaux juristes. C’est la solution hors Parcoursup."
L'Etat a versé plus de 8 milliards d'euros d'aides à l'apprentissage
Au 31 décembre, la France comptait plus d’un million d’élèves en alternance (contrats d’apprentissage et de professionnalisation), selon les chiffres du ministère du Travail qui seront publiés début mars. Un sommet atteint grâce à la loi Avenir Professionnel de 2018 qui a simplifié l’accès à l’apprentissage: tout employeur peut embaucher un jeune qui se partage entre son école et l’entreprise. Surtout, à chaque contrat signé, il perçoit une aide exceptionnelle de 6.000 euros, en plus des exonérations fiscales.
En 2021, la France a consacré 21,6 milliards d’euros au financement de l’apprentissage dont 8,2 milliards à la charge de l’Etat. Plus que le budget consacré à la recherche! Objectif: comprimer le chômage des moins de 25 ans en les insérant mieux. Mais malgré un marché du travail dynamique, [...]
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