Casserolades, "100 jours": et si Emmanuel Macron avait (juste) besoin de partenaires pour sortir de la crise ?
EDITORIAL - En 2018, Emmanuel Macron a lancé son grand débat face aux gilets jaunes. Cinq ans plus tard, sa feuille de route des "cent jours", sans majorité et avec une dette sous surveillance, suffiront-ils à sortir de la crise ? Le président aurait en fait surtout besoin de partenaires à traiter en alter ego pour nouer des pactes, et discuter des priorités.
Manifestations, concerts de casseroles, déploiements de banderoles, grèves, coupures d'électricité, menaces de boycott de Roland-Garros… La colère, voire la haine contre le chef de l'Etat ne semblent pas s'éteindre. Comment peut-il reprendre la main? Comment peut-il gouverner dans ces conditions, sans majorité qui plus est?
"Les cent jours" qu'il a décrétés pour tourner la page de la réforme des retraites et préparer l'avenir ressemblent à s'y méprendre au "grand débat" lancé au lendemain de la crise des "gilets jaunes", en 2018. Aller au contact, expliquer, écouter.
Hier, c'était dans des salles polyvalentes, à Grand-Charmont, à Grand-Bourgtheroulde, aujourd'hui, c'est dans la rue, dans des usines, à Ganges, à Sélestat.
"Travail, démocratie et services publics"
En 2018, il avait sélectionné quatre thèmes: la transition écologique, la fiscalité, la démocratie et les services publics. Pour ses "cent jours", il a désigné trois chantiers: le travail, la démocratie et les services publics. La démarche est très similaire. La palabre comme sortie de crise. Agrémentée de quelques bonnes nouvelles et de quelques milliards d'euros. Avec le chef de l'Etat au centre du jeu, omniprésent.
Sauf qu'au-delà des similitudes - popularité au plus bas, agitation sociale, procès en arrogance, demande de plus d'écoute - il y a trois énormes différences. Premièrement, à l'époque, le président disposait d'une large majorité, il pouvait gouverner, ce n'est plus le cas. Deuxième différence, en 2018, les finances n'étaient pas sous haute surveillance: la dette de la France était de 2.100 milliards, elle approche désormais les 3.000 milliards.
Emmanuel Macron a besoin de partenaires: il faut les rassurer, les traiter en alter ego.
Pas les même marges de manœuvre
Enfin, en 2018, Emmanuel Macron avait cédé: après l'avoir seulement suspendue, il avait fini par supprimer la hausse des taxes sur les carburants qui avait mis le feu aux poudres. Là, non seulement il n'a pas reculé, mais il a utilisé[...]
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