Cannes: "Rosalie", femme tu n'es pas car trop poilue
Une femme extrêmement poilue est-elle une femme ? Si la question peut paraître ridicule en 2023, elle ne l'était pas dans la France rurale du début du XXe siècle, comme le raconte le film "Rosalie", inspiré d'une histoire vraie.
Après "La danseuse", qui avait été présenté dans la catégorie "Un certain regard" en 2016, la réalisatrice et scénariste Stéphanie Di Giusto est de retour à Cannes (dans la même section) avec une fresque intime inspirée de la vie d'une des premières "femmes à barbe" de France.
"Quand j'ai croisé le destin de Clémentine, je l'ai trouvée extrêmement gracieuse, avec ce visage très féminin. En réalité, sa barbe m'a complètement fascinée", raconte-t-elle à l'AFP.
"J'ai commencé à rêver de sa vie et je lui ai inventé un destin romanesque à la conquête d'elle-même", poursuit-elle, avant de rappeler que la condition de ces femmes était avant tout le fait "d'une maladie".
Cette réinvention, c'est Rosalie.
Fougueuse, frondeuse, futée et belle: la Rosalie de Stéphanie Di Giusto partage de nombreux traits avec celle, incandescente et éternelle, de Claude Sautet, incarnée par Romy Schneider.
"Évidemment, j'avais la référence en tête", sourit la réalisatrice.
Car Rosalie n'est pas une victime: "C'est une femme qui s'affranchit en affrontant le regard des autres et qui affirme sa féminité singulière", détaille-t-elle.
Dans le rôle-titre: Nadia Tereszkiewicz, révélée lors de la précédente édition du Festival de Cannes dans "Les Amandiers" de Valeria Bruni-Tedeschi. Omniprésente à l'écran, sa présence solaire est au centre du film.
"Elle est extraordinaire ! Elle a cette énergie pure d'actrice et, surtout, elle a un enthousiasme naturel", loue la cinéaste.
A noter la présence au casting de Benjamin Biolay et de sa fille Anna, ainsi que la chanteuse Juliette Armanet.
Le film est aussi, et peut-être avant tout, une histoire d'amour. Rosalie parviendra-t-elle à se faire aimer d'Abel, son époux (Benoit Magimel), qui l'a épousée uniquement pour sa dot ?
"C'était très important pour moi de parler d'amour, dit la réalisatrice. Je crois que les films répondent à une époque et je trouve que l'amour devient le vrai combat de notre époque. Dans un monde qui se déshumanise, on a besoin d'amour".
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