Cannes: Gondry raconte la folie créatrice et ses dégâts dans une comédie avec Pierre Niney
Eclairs de génie et grande souffrance: Michel Gondry raconte avec humour la folie créatrice et les dégâts qu'elle peut faire, dans une comédie très personnelle présentée à Cannes.
"Le livre des solutions", où le rôle d'un cinéaste partant en vrille est confié à Pierre Niney, est inspiré d'une "période difficile" de la vie du réalisateur de "Eternal Sunshine of the Spotless Mind" ou "Soyez Sympa, Rembobinez", celle de la post-production de "L'Ecume des jours", avec Romain Duris et Audrey Tautou, sorti il y a dix ans.
"C'était une période difficile dans ma tête, dans mon comportement, mais en même temps très productive. Ca partait dans tous les sens", a confié Michel Gondry à l'AFP à Cannes, où le film a été très applaudi dimanche à la Quinzaine des cinéastes.
Pierre Niney y interprète un réalisateur qui plaque ses producteurs et se réfugie dans une maison des Cévennes, avec pour seule compagnie sa monteuse (Blanche Gardin), sa vieille tante (Françoise Lebrun) et son assistante (Frankie Wallach), pour tenter de finir son film avec les moyens du bord.
Une situation inspirée de celle de Gondry à l'époque, où l'on découvre un cinéaste très instable, traversé d'éclairs de génie créatif, mais ingérable et tyrannique avec ses proches.
"Dans ces moments-là, il y a des moments où il y a des petites pépites qui sortent. En revanche, pour les gens qui sont autour, c'est épuisant. Ils sont là pour vous aider et doivent répondre à des demandes complètement absurdes", explique-t-il.
"Les gens ont réagi, se sont épuisés et finalement sont partis", ajoute celui qui fait dire au personnage de son film, dans une crise de colère, que "si on n'est pas le chef, ça ne sert à rien d'être réalisateur !".
"J'ai essayé de rendre (l'histoire) drôle mais de ne pas gommer la difficulté provoquée chez les personnes qui entourent" le cinéaste, raconte Michel Gondry: "On se rend compte qu'ils ou elles ont souffert dans des situations qu'on pensait acceptables ou normales, mais on ne se rendait pas compte de ce qu'elles ont encaissé".
Après cette période de "grande souffrance" et de "mégalomanie", il a connu "un grand trou d'un an" puis repris pied, avant de finir par écrire et tourner "Le livre des solutions", avec "un paquet de choses complètement hilarantes et absurdes, qui souvent n'avaient rien à voir avec le film", vécues à l'époque.
Les leçons qu'il retient de cette époque: "Il faut vraiment réfléchir à ce que ça va produire si on se met en colère, garder un peu d'humour et ne pas être malveillant. Je l'ai appris depuis."
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