Comment le campus de Saclay est devenu un redoutable moteur de la tech française

REPORTAGE - A Saclay, au sud de Paris, labos et écoles d'excellence convergent pour peser dans l'innovation mondiale. Une vitrine spectaculaire pour industriels et chercheurs.

En face de la gare du Guichet, à Orsay, sur la ligne B du RER, il y a une boulangerie sans prétention. Quelques tables et des chaises sont posées juste devant, parce qu'au petit matin, en débarquant du train venant de Paris, la boulangerie-pâtisserie Anass est ce qui ressemble le plus à un café, où l'on peut se poser pour siroter son noisette avec un croissant. Mais le flot de voyageurs passe à côté, et s'engouffre dans les bus qui les attendent sur la rue de Versailles, au pied de la côte bien raide qui monte jusqu'au plateau de Saclay.

Le trajet prend moins de dix minutes si la route n'est pas encombrée par des engins de chantiers occupés à terminer la ligne 18 du métro automatique, qui mettra Paris à une trentaine de minutes en 2026, via Massy. Ou par des camions livrant des tas de plaques de plâtre au pied des immeubles dessinés par des architectes de renom, qui ont émergé sur le plateau au cours des quatre dernières années.

Modèle américain

A Saclay, le Wi-Fi ne marche pas encore très bien partout, le réseau cellulaire fait parfois des siennes, les routes sont encore boueuses à certains endroits, par temps de pluie. Et les zadistes du campement Zaclay continuent de protester contre les 14 kilomètres de viaduc de la ligne 18 et l'artificialisation des terres dans la zone, la plus fertile d'Ile-de-France. Ainsi va la vie sur le plus grand cluster scientifique et technologique de France, auréolé de deux prix Nobel et dix médailles Fields, qui veut rivaliser avec la Silicon Valley californienne, l'écosystème du MIT à Boston ou la Tech City de Londres.

Insufflé par de Gaulle, dans les années 1950, enclenché par la loi de 2010 relative au Grand Paris, il a constamment été chahuté par les rivalités politiques. Finalement accéléré, en octobre 2017, par Emmanuel Macron, fraîchement élu président, le grand pôle tricolore d'excellence est en train de sortir de terre. Il concentre 15% de la recherche publique et privée française, neuf grandes écoles, une vingtaine d'unive[...]

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