Bourses mondiales : le cauchemar de la stagflation

La hausse des prix aux États-Unis en mai 2022 dévoilée le 10 juin dernier a fait l'effet d'un électrochoc sur les marchés financiers. Elle est ressortie supérieure aux attentes à 8,6% sur les douze mois passés (au plus haut depuis décembre 1981 !), tout comme le «cœur» inflation (hors énergie et alimentation) à 6% (en baisse mais supérieur aux anticipations). Quelques jours plus tôt, la Banque mondiale avait drastiquement revu en baisse ses prévisions de croissance, de 5,7% en 2021 à 2,9% en 2022 (l'institution prévoyait début janvier 4,1% en 2022). Son président, David Malpass, a précisé à cette occasion que «les affres de la stagflation pourraient persister pendant plusieurs années», confortant des anticipations de net ralentissement de la conjoncture et d'accélération des prix. L'annonce du «pic inflation» aux États-Unis un mois plus tôt semblait donc prématurée et la menace de récession s'est renforcée dans l'esprit des investisseurs. Cette soudaine prise de conscience a suffi à pousser le rendement à dix ans de la dette publique américaine jusqu'à 3,5% le 14 juin dernier, au plus haut depuis février 2011, celui du bund allemand jusqu'à 1,9% et le 10 ans français à 2,5%. Dans le même temps, le S&P 500 a chuté de 6% depuis cette date et le CAC 40 a baissé de 8%. Les dangers d'un excès d'inflation Henry Allen et Jim Reid chez Deutsche Bank Research se sont plongés dans le passé pour observer la réaction des marchés à la «stagflation» des années 1970 (qui se traduit par une stagnation économique et une inflation élevée). En termes réels (hors inflation), la période s'est révélée «terrible» pour les actions et les obligations dans la plupart des pays. Ainsi, le S&P 500 a enregistré, durant la décennie 1970, une performance réelle (hors inflation) négative de 1% par an (+6% en nominal). Les actions françaises ont baissé de 2% par an en Cliquez ici pour lire la suite