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Balade en groupe, soirée raclette: ils se sont déjà déconfinés

Petits arrangements pendant le confinement - -
Petits arrangements pendant le confinement - -

Alors que le gouvernement a annoncé en fin de semaine dernière un assouplissement du confinement - sorties à l'extérieur autorisées pour une durée de trois heures dans un rayon de 20 km ou encore ouverture de tous les commerces - pour certains et certaines, cet allègement est synonyme de déconfinement. Pourtant, ce n'est pas le cas.

Le Premier ministre l'a bien précisé: l'assouplissement de ces limitations ne vise pas à "permettre des visites à des amis ou à la famille". Ces dernières semaines pourtant, des fêtes clandestines ont réuni parfois jusqu'à plusieurs centaines de personnes, notamment à Paris ou à Joinville-le-Pont. Samedi soir encore, une rave-party s'est tenue dans l'Isère et plus d'une centaine de procès-verbaux ont été dressés.

Si certains et certaines ne vont pas jusqu'à participer à ce type d'événements, ils et elles s'accordent cependant de petites transgressions au confinement et à ses contraintes sanitaires.

"Il n'attendait que ça"

C'est le cas de Stéphanie*, une enseignante francilienne d'une quarantaine d'années, qui a autorisé samedi son fils âgé de 11 ans à aller jouer chez un copain.

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"Il a pu reprendre une partie de ses activités extrascolaires, où il s'était fait en début d'année un bon copain. Le père de ce copain lui a proposé de venir déjeuner chez eux après leur sport puis de passer l'après-midi pour qu'ils puissent jouer ensemble, il n'attendait que ça", raconte cette mère à BFMTV.com.

Un petit goût de liberté après un mois de confinement, d'absence de loisirs et de privation de sortie. "Les enfants passent toute la journée ensemble en classe, à la récréation, à la cantine. Je ne vois pas pourquoi je lui aurai refusé de passer quelques heures chez un copain", poursuit Stéphanie.

"Je ne verrai personne d'autre avant Noël"

Entorse similaire pour Cécile*, une Parisienne de 35 ans, qui est allée samedi avec sa fille rendre visite à une amie qui réside dans un département voisin du sien. "Elle a accouché il y a presque un an et je n'avais toujours pas rencontré son fils", témoigne-t-elle pour BFMTV.com.

Elle devait aller leur rendre visite juste avant le premier confinement du printemps, "mais c'était le début de l'épidémie, le virus faisait très peur à tout le monde, je n'avais pas trouvé ça prudent". Cécile, qui travaille dans la communication, a ainsi préparé son attestation indiquant en guise de motif un déplacement en plein air dans la limite de trois heures et avait même préparé un scénario - une balade dans le grand parc de la ville où habite son amie.

"Bien sûr, on aurait pu se retrouver en extérieur, ajoute-t-elle. Mais il fait froid, il fait nuit tôt, pour les enfants ce n'est pas idéal. De toute façon, mon amie et son conjoint ont eu le Covid le mois dernier et de mon côté, je ne verrai personne d'autre avant Noël."

Un "mini-groupe clandestin" en forêt

Roselyne*, une retraitée de 74 ans, va elle aussi s'octroyer un accroc au confinement. "On va aller se balader avec des amies en forêt de Fontainebleau", confie-t-elle à BFMTV.com. Au total: quatre personnes, "un mini-groupe clandestin", s'en amuse la septuagénaire - les sorties en extérieur, notamment pour l'activité physique, ne sont autorisées qu'à titre individuel. La moyenne d'âge des participantes étant de 80 ans, chacune se rendra tout de même au point de rendez-vous avec sa propre voiture.

Car cette ancienne professeure des écoles qui habite à la campagne assure en avoir "marre de marcher dans la boue" et de "ne croiser que des chevreuils". Quant à ses amies, qui résident en ville, "elles n'en peuvent plus de tourner en rond dans les zones industrielles". Les balades avec son groupe de randonnée - auxquelles elle participait plusieurs fois par semaine - n'ayant plus le droit de se tenir, elle a donc dû se limiter au kilomètre autour de chez elle.

"Les randonnées nous manquent beaucoup mais c'est vrai que de se retrouver malgré tout pour marcher, c'est quelque chose que l'on n'a pas fait lors du premier confinement. On n'aurait pas osé."

Roselyne a déjà préparé son sac, avec gel hydroalcoolique et masque, même si elle n'exclut pas de l'enlever au cours de la balade. Ainsi que son attestation dérogatoire de déplacement, "de toute façon, la balade ne dépassera pas les deux heures et on a trouvé un endroit qui nous permet à toutes de rester dans la limite des 20 kilomètres".

Une soirée raclette à trois

D'autres ont commencé à lâcher la bride du confinement avant même les annonces officielles. Comme Mareva*, une intermittente du spectale de 35 ans, qui a participé il y a une dizaine de jours à une soirée raclette. La jeune femme, qui s'est cette confinée chez ses parents en banlieue parisienne, a ainsi accepté l'invitation à dîner d'un couple d'amis qui résident à Paris.

"Je ne pouvais pas refuser, se souvient-elle pour BFMTV.com. Ça faisait super longtemps qu'on ne s'était pas vus et puis je n'ai vu personne d'autre le reste du temps, j'avais vraiment bien respecté le confinement jusque-là."

Pour justifier son déplacement, la jeune femme domiciliée à Paris a ainsi pris plusieurs jours avant un rendez-vous chez un dentiste qu'elle a annulé dans la foulée. Mais le mail de confirmation reçu entretemps lui permettait de motiver son retour à Paris.

"Je culpabilise un peu d'avoir fait ça, je sais que ce n'est pas bien. Mais je ne l'ai fait qu'une fois et au final personne n'a contaminé personne."

Lassitude et optimisme

Marie-Claire Villeval, spécialiste en économie comportementale et expérimentale et directrice de recherche au CNRS, voit dans ces entorses un effet de lassitude.

"On est prêt à se serrer la ceinture mais au bout de quelques semaines et a fortiori avec un second confinement, il y a le besoin de retrouver ses habitudes, d'autant plus en cette période proche des fêtes de fin d'année", explique-t-elle pour BFMTV.com.

Avec la motivation supplémentaire - "sincère ou prétexte" - de soutenir les petits commerçants en consommant davantage, ajoutée à l'arrivée prochaine d'un vaccin "qui rend optimiste et donne l'impression de voir le bout du tunnel", cela conduit à des ajustements dans l'analyse du risque, poursuit la chercheuse.

"Si l'on peut croiser des gens dans les magasins, alors on se dit qu'on peut recevoir chez soi. Je remarque aussi que le port du masque à domicile lorsque l'on reçoit des personnes extérieures au foyer, que ce soit des membres de la famille ou des artisans, n'est pas encore entrée dans les habitudes."

Un biais de perception, selon cette économiste qui mène actuellement une étude sur les conséquences de la distanciation sociale sur la vie quotidienne, selon lequel on serait davantage protégé du virus chez soi que lorsque l'on croise quelqu'un dans la rue. "On a quand même appris des choses depuis le début de la pandémie, pointe Marie-Claire Villeval. On se salue moins, on porte le masque, on utilise du gel hydroalcoolique. Mais on essaie quand même de se trouver des petits arrangements pour concilier le virus avec le quotidien."

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Article original publié sur BFMTV.com