Au procès du 13-Novembre, le récit de l'horreur au Bataclan
JUSTICE - Après les images, le son, et toujours l’émotion des proches. Ce vendredi 17 septembre, le procès du 13-Novembre a connu un moment aussi inédit que douloureux avec la diffusion d’un enregistrement audio de l’effroyable attaque du Bataclan le soir des attentats à Saint-Denis et Paris.
Au lendemain du récit des enquêteurs sur les attaques au Stade de France et sur les terrasses, l’audience du jour était consacrée à celui de l’horreur perpétrée dans la salle de spectacle pendant le concert des Eagles of Death Metal; 90 personnes y ont été assassinées.
Le président de la cour d’assises spéciale de Paris, Jean-Louis Périès, avait précisé il y a quelques jours quels documents seraient diffusés. Il avait alors invité les parties civiles à prendre leurs dispositions pour éviter que ce moment ne crée des douleurs supplémentaires. Un large débat avait en effet parcouru les proches des victimes et des rescapés sur l’utilité de diffuser de telles pièces.
Une bande sonore de 22 secondes, tirée d’un enregistrement de toute la soirée réalisé par un dictaphone dans la salle, a été diffusée. On entend les premiers tirs et la musique d’Eagles of death metal s’arrêter. #13novembre2015
— Pierre Tremblay (@tremblay_p) September 17, 2021
La diffusion de ce document était appréhendée depuis quelques jours. Certaines personnes sont sorties de la salle d’audience avant. L’écoute s’est faite dans le silence. Encore une fois, on a choisi de ne pas diffuser les moments les plus durs, comme les cris des victimes.
— Pierre Tremblay (@tremblay_p) September 17, 2021
Comme l’a noté notre reporter qui assiste au procès, un enquêteur a prévenu au début de sa déposition que son témoignage laisserait transparaître “de l’émotion”.
Il en ressort aussi du compte-rendu rédigé en direct par notre journaliste, que vous pouvez retrouver ci-dessous:
À son arrivée, l’enquêteur croise un collègue de la BRI au visage marqué qui lui dit : « Bonne chance. Vous allez être dans l’horreur pendant des heures. » #13Novembre2015
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Dans la salle, « l’ambiance est saisissante, lugubre. Une grande lumière blanche. Les corps sont enchevêtrés les uns sur les autres. On avait jamais vu ça. Nous marchons dans du sang coagulé. On entend les téléphones portables des victimes. » #proces13novembre
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« Nous avons 71 corps. Notre but n’est pas d’identifier les victimes mais de fournir des éléments plausibles d’identification. Et pourtant mon téléphone n’arrête pas de sonner. On me demande d’il y a un tel ou une telle. » #13Novembre2015
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À l’étage, dans une loge, les enquêteurs ont découvert une partie de la toilette descellée pour défoncer le plafond au-dessus. Des spectateurs ont pu se réfugier dans les combles ou sur le toit. #13Novembre2015
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L’enquêteur démontre la célérité de l’attaque par l’enchevêtrement de 8 corps au même endroit au rez-de-chaussée. « 8 corps », répète-t-il. 8 personnes « mortes les unes sur les autres ». #13Novembre2015
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L’enquêteur décrut la fosse comme « l’endroit évidemment le plus macabre », avec le plus de victimes (44). Sur un côté de la fosse, l’enquêteur suppose, d’après les constatations, que les victimes ont été fauchées en se dirigeant vers l’issue de secours.
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L’enquêteur parle avec des termes très crus des blessures des personnes touchées dans la fosse. Les blessures y sont les plus graves en raison du calibre utilisé (7,62) et des rafales. «Ce calibre, ce n’est pas seulement une plaie d’entrée et une plaie de sortie »#13novembre2015
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Les constatations au Bataclan ont si longues et complexes qu’il a fallu 14 jours pour retrouver la deuxième jambe d’un des kamikazes. #13Novembre2015
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Moment très douloureux alors que l’enquêteur montre des images panoramiques 360 de la salle (nettoyée) du Bataclan et nomme les victimes avec les points précis où elles ont été retrouvées. Les familles dans la salle découvrent donc où leurs proches sont décédés. #13novembre2015
— Pierre Tremblay (@tremblay_p) September 17, 2021
À voir également sur Le HuffPost: Le début du procès du 13 novembre raconté par notre reporter
Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.