Après le séisme turco-syrien, Erdogan a vraiment de quoi douter
EDITORIAL. Déjà contesté, le président candidat à sa réélection pourrait souffrir des répliques politiques de la gestion catastrophique du tremblement de terre le plus meurtrier de Turquie, selon notre partenaire The Economist. Réponse dans les urnes le 14 mai prochain, date retenue pour les prochaines présidentielles turques.
Les deux tremblements de terre qui ont frappé le sud de la Turquie et le nord de la Syrie le 6 février ont été dévastateurs. Selon l'ONU, le nombre de morts pourrait dépasser les 60.000, ce qui est bien pire que le séisme qui avait frappé Izmit, à 100 kilomètres à l'est d'Istanbul, en 1999, faisant 18.000 victimes.
Mais en même temps que les opérations de secours se poursuivent, l'attention en Turquie se tourne vers la politique. Le président Recep Tayyip Erdogan, qui dirige le pays depuis deux décennies, doit affronter, en mai prochain, les élections présidentielle et législatives, qui s'annonçaient déjà difficiles pour lui en raison d'une économie chancelante et d'un taux d'inflation supérieur à 50%. La mauvaise gestion des secours - les autorités locales et d'Etat ont paru débordées, désorganisées, sans moyens - déchaîne les critiques.
Au point que le président a dû couper l'accès à Twitter pendant les premières heures qui ont suivi le séisme et que les procureurs du gouvernement ont déjà ouvert des enquêtes sur des journalistes pour les réduire au silence. Quand Erdogan est arrivé au pouvoir en 2002, son Parti de la justice et du développement (AKP) a bousculé un establishment qui avait gouverné de manière inefficace.
Des circonstances similaires à 2002
La faiblesse de la réponse du gouvernement de l'époque au tremblement de terre de 1999, puis sa mauvaise gestion de la crise financière de 2001 avaient donné le sentiment qu'un nettoyage était nécessaire, et l'AKP s'était retrouvé avec deux tiers des sièges au Parlement. Aujourd'hui, Erdogan est confronté à des circonstances similaires: une crise économique et une crise humanitaire.
Les électeurs le jugeront sur sa capacité à gérer les deux. L'effondrement de près de 6.000 bâtiments prouvera que les conseils des experts sismiques ont été ignorés, que les codes du bâtiment ont été bafoués - l'une des caractéristiques du boom économique qui a rendu Erdogan populaire a été l'essor de la construction - et que des sup[...]
Lire la suite sur challenges.fr