Après la réforme des retraites, la fin de l'utopie d'une France homogène
EDITORIAL - L'immense désarroi que manifeste la "France périphérique" va bien plus loin que l'opposition à la réforme des retraites et des problèmes de pouvoir d'achat pour Ghislaine Ottenheimer. Longtemps l'Etat a fait comme si, au nom de l'égalité, tous les citoyens avaient les mêmes droits, et donc accès aux mêmes services publics. Mais c'est une utopie, pour notre éditorialiste.
Ils étaient 280.000 à manifester à Marseille. 150.000 à Toulouse, mais aussi 300 à Cluses, 200 à Bouquehault, 700 à Sélestat. Des petites villes dont on n'entend jamais parler. Pourquoi se soulèvent-elles? Est-ce annonciateur d'un retour des "gilets jaunes" et des ronds-points, perspective qui angoisse l'exécutif?
Le politologue Jérôme Fourquet fait remarquer que la mobilisation très forte dans les préfectures et les sous-préfectures "dit la profondeur du mouvement social". Il souligne également que, dans ces territoires, la fonction publique est importante, avec un fort taux de syndicalisation.
Que les salariés sont très concernés par la réforme car ils sont moins diplômés et ont commencé à travailler tôt… Et puis ces petites villes profitent moins des créations d'emplois que les métropoles, elles ont davantage subi la suppression de services publics. Tout cela mis bout à bout explique la colère, le ressentiment.
Évolution technologique et réseaux sociaux
Il y a également une raison toute simple à l'émergence de cette mobilisation: l'évolution technologique. Désormais, on peut manifester n'importe où, et le faire savoir. Un téléphone suffit à filmer, diffuser… Lors des grandes grèves de 1995, la province devait se rendre à Paris par cars et trains spéciaux pour se faire entendre. Les grandes chaînes de télévision ne "couvraient" que la capitale.
Mais en réalité, l'immense désarroi que manifeste cette "France périphérique" va bien au-delà de l'opposition à la réforme des retraites et des problèmes de pouvoir d'achat. Il est beaucoup plus profond. Longtemps l'Etat a fait comme si, au nom de l'égalité, tous les citoyens avaient les mêmes droits, et donc accès aux mêmes services publics. Partout.
On a construit des hôpitaux, des gares, des tribunaux, des centres des impôts, des bureaux de poste, mais aussi des piscines, des salles polyvalentes, des stades, des musées, des cours de tennis, des patinoires… Les élus locaux étaient jugés à l'aune des investissements obten[...]
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