Ameer al-Halbi : "Bloqué par les policiers, en sang, j’ai revécu Alep"
Le photographe indépendant d’origine syrienne a été blessé au visage par un coup de matraque, alors qu’il couvrait la Marche des libertés, samedi, à Paris. Une enquête de l'IGPN, ouverte lundi, déterminera les causes de ses blessures. Ce jeune et talentueux reporter confie que l'incident survenu près de la place de la Bastille a réveillé en lui le traumatisme du conflit syrien.
Dès l’âge de 17 ans, Ameer al Halbi risquait sa vie pour documenter l’horreur de la guerre. Correspondant de l’AFP lors du conflit syrien, le jeune photographe fut l’un des témoins-clé du siège d’Alep, sa ville natale, en 2016. Prix du photographe de l’année, World Press Photo, Prix Bayeux… Les prix internationaux ont couronné le jeune reporter dont les photos ont fait le tour du monde et dont les clichés sont publiés dans «Polka», le magazine photo avec lequel il collabore.
A Paris, les larmes d’Ameer
Installé depuis trois ans et demi à Paris, Ameer al Halbi est l'un des «visages de la Révolution» pour les confrères qui l'ont accueilli. «C’est à la fois notre petit frère et un grand monsieur», explique Siham Sabeur, une journaliste actu internationale, qui suit le travail d'Ameer depuis ses premiers clichés à Alep. «Aujourd'hui, c’est un titi-parisien, un jeune de 24 ans comme les autres, et c'est en même temps un homme d’une profondeur et d'une force rares. On a de la chance de le connaître, c’est une leçon d’humanité pour nous», poursuit la jeune femme, très bouleversée depuis l’incident qui s’est produit samedi, en fin d’après-midi, près de la place de la Bastille. Sur les réseaux sociaux, les images et le témoignage de la photographe Gabrielle Cezard, qui était au côté d’Ameer après la charge des policiers, l’ont bouleversée. Les larmes de son ami hantent ses nuits. «Ce n’est pas quelqu’un qui pleure. Je m’inquiète beaucoup pour lui sur le plan psychologique, confie-t-elle. J'espère que justice sera faite et que mon ami obtiendra réparation». Si le photographe se remet doucement de ses blessures (nez cassé, points de suture au coin de l’œil), il nous confie pudiquement que le mal dont il souffre aujourd'hui le(...)