Les ambitions d'Iter, le plus grand réacteur à fusion nucléaire expérimental du monde

SP

Relancer le nucléaire. Porté par 35 pays, le plus grand réacteur à fusion nucléaire expérimental au monde est basé dans les Bouches-du-Rhône, à Cadarache. Mais il est encore loin de montrer qu'il pourra un jour produire de l'électricité.

Vertigineux projet que celui d'Iter (International thermonuclear experimental reactor), le plus grand prototype au monde pour tester la fusion nucléaire, porté par une coopération scientifique de 35 pays. Basée à Cadarache, dans les Bouches-du-Rhône, l'installation en impose par son gigantisme. Elle s'étend sur 42 hectares, soit une soixantaine de terrains de football. Et la cathédrale Notre-Dame tiendrait sans problème dans le bâtiment du réacteur.

A l'intérieur se construit un tokamak (tube en anneau) XXL où se dérouleront les réactions de fusion au sein d'un "plasma" à 150 millions de degrés, qui sera confiné par des champs magnétiques générés par 18 bobines de 310 tonnes chacune, refroidies à -269 degrés. Des mensurations extrêmes, à la mesure d'une ambition prométhéenne: maîtriser le feu des étoiles et démontrer que l'on pourra en faire, un jour, de l'électricité inépuisable et propre, le pétrole du futur.

Retard sur le chantier, facture triplée

En attendant, si l'idée a été lancée en 1985, depuis que les travaux ont débuté en 2008, les revers s'accumulent. Derniers en date: trois grands segments du tokamak livrés en 2022 par la Corée du Sud sont déformés au point de ne pouvoir être soudés avec les autres, et des fissures sont apparues sur une autre pièce, au point qu'il va falloir démonter une partie du tokamak, dont 85% des pièces sont déjà fabriquées. Le chantier aurait dû être achevé en 2019 mais, maintenant, la production d'un premier plasma dans le réacteur n'est pas attendue avant 2030. Entretemps, la facture, estimée désormais à 20 milliards d'euros, a triplé par rapport au budget initial.

Pas de quoi décourager Alberto Loarte, chef de la division scientifique d'Iter, fixé sur l'objectif: démontrer la faisabilité d'une réaction auto-entretenue, Graal encore jamais réalisé dans un réacteur de fusion. Mais le chemin ("Iter" en latin) pour y parvenir reste incertain.

Produire une partie du combustible

Certes, Iter se nourrit des résultats des petits tokama[...]

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