Les Américains et leurs armes : un carnage sans fin
EDITORIAL. L’ouvrage de Paul Auster sur la succession des massacres monstrueux qui endeuillent les Etats-Unis est l'occasion pour notre éditorialiste Michel Winock de revenir sur le double péché originel qui a forgé l'histoire étasunienne et façonné son rapport aux armes à feu.
Exécutions d’enfants et de professeurs, tirs dans la foule, assassinats racistes, tueries de masse, règlements de compte individuels, l’Amérique bat les records d’homicides volontaires. Chaque année, environ 40 000 Américains meurent à la suite de blessures par balle. La moitié concerne les suicides, les autres sont les victimes de meurtres, qui, au-delà de quatre tués, sont considérés comme des massacres.
Le photographe Spencer Ostrander a fixé les images de leurs localisations : écoles, universités, bars, églises, temples, synagogues, parkings, cinémas, discothèques, supermarchés, stations services, cimetières, cliniques, il n’est pas d’espace où le citoyen américain puisse se sentir parfaitement à l’abri. L’écrivain Paul Auster a accompagné les photographies d’Ostrander dans Pays de sang, un ouvrage qui vient de paraître aux éditions Actes Sud.
La litanie de ces drames pose depuis longtemps la question du droit de vendre, d’acheter et de posséder des armes à feu aux Etats-Unis. Le puissant lobby NRA qui défend ce droit est soutenu par une bonne partie des Américains, se référant au Deuxième Amendemant de la Constitution datant de 1791 : "Une milice bien organisée étant nécessaire à la sécurité d'un État libre, le droit du peuple de détenir et de porter des armes ne doit pas être transgressé." C’est donc aux origines des Etats-Unis qu’il faut remonter pour comprendre cette tradition.
Double péché originel
Pour Paul Auster, son pays est marqué par un double péché originel. Le premier, dans le cadre de la conquête de l’Ouest, a été la spoliation des terres indiennes à coups de fusil. Dans ce Far West, avant que ne se constituent des États, les pionniers ont pris l’habitude des conflits armés et de l’autodéfense. Transposées au cinéma, ces luttes de l’Ouest ont produit le western, dont les héros sont des tireurs d’élite. Un de ces westerns, réalisé par Anthony Mann, porte même le nom d’une carabine : Winchester 73. De nos jours, des séries télévisées comme Shooter pe[...]
Lire la suite sur challenges.fr
A lire aussi
États-Unis: Une fusillade dans une université du Michigan fait 3 morts
En Californie, les enquêteurs recherchent le motif d'une fusillade qui a fait dix morts
Partage de la valeur: et à la fin, ce sont les partenaires sociaux qui l'emportent
Le rachat d’Atos par Airbus dans le viseur d’un fonds activiste britannique
Retrouvez en images notre sélection de baumes à lèvres teintés